Naissance d’une grande idée™

Et si je me mettais dans la merde ? Je me suis dit que c’était une excellente idée, le jour où j’ai compris que je pourrais éditer Les Hurlements noyés – et mes autres livres – grâce à Ulule. Bon, je me doutais que j’allais un peu douiller, mais sur le coup… eh bien, disons que je m’en foutais un peu. Et au cas où vous vous poseriez la question, sachez que je continue à m’en foutre ! Du moins, quand l’anxiété se tient à distance. Les formalités administratives, les préparatifs de la campagne Ulule, tout ça, c’est un terreau fertile pour les angoisses.

Mais je savais que j’étais sur la bonne voie, je commençais à être heureuse, alors j’ai continué sur ma lancée. Et puis, ça avait un côté excitant. J’ai découvert, grâce au guide de Chloé Romengas, la possibilité de vivre de l’autoédition en passant par le financement participatif, le tout en indépendance quasi totale. Dans la forme d’indépendance la plus complète dans le cas de l’autoédition, en tout cas.

J’ai remis pas mal de choses en question, ce jour-là. J’étais étudiante – d’où la nécessité d’une campagne Ulule pour financer une publication – et j’avais en tête ce qu’on me répétait depuis des années : vivre de sa plume n’est pas possible et, finalement, tu n’as qu’un avenir chiant à mort à t’imaginer. Oui, parce que quand à chaque fois que tu changes de voie pour un truc qui te plaît aussi, on te dit “c’est bouché”, disons que tu te demandes comment tu vas t’en sortir sans y laisser toute possibilité d’épanouissement.

Mais je digresse.

Disclaimer !

Cet article n’a pas l’ambition de vous expliquer en détail comment préparer une campagne Ulule. Je vous renvoie à cette série d’articles de Valéry K. Baran pour plus d’infos à ce sujet. Ce dossier m’a plutôt bien aidée, ne serait-ce que pour me préparer psychologiquement ! Bon, présenté comme ça, ça a l’air vraiment hardcore. Disons que c’est une expérience qui demande du temps et de l’énergie, mais c’est comme tout, non ?

Pourquoi je me suis lancée là-dedans ?!

Avec le recul, je constate une chose qui pique un peu – toujours, chez moi – mais que je dois admettre : seule, ça aurait été beaucoup plus compliqué à gérer.

Parce que mine de rien, une campagne Ulule, c’est :

  • de l’organisation, de la planification
  • des gens à contacter, des prestataires à engager (oui, parce que j’ai, par exemple, pas du tout le skill de dessin pour me faire une couverture propre)
  • de la communication et du marketing (oh God.)
  • de l’administratif (sans commentaire, vous savez !)
  • un certain nombre de coups de stress, finalement !

Si j’ai pensé à jeter l’éponge ? Ouais, pas mal de fois, même. Surtout les jours où j’avais l’impression d’écrire de la pure merde ! “Est-ce que ça en vaut la peine, tout ça ?”

Je me souviens bien de ce jour où mon projet de campagne Ulule est devenu concret. Je cherchais des sensitivity readers pour Les Hurlements noyés et au moment où j’ai envoyé mon premier mail, j’ai commencé à baliser, comme ça, d’un coup. C’était sur les rails, et pourquoi, putain, pourquoi m’étais-je lancée là-dedans ? A tous les coups, j’avais encore cédé à une impulsion !

Une histoire de belles rencontres (parce qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise situation)

Le démiurge soit loué, j’ai rencontré des gens. Plein !

Bien sûr, il y a eu ces formidables parties de RP sur Twitter entre auteurices – je vous en parlerai un jour. J’ai également (re)commencé à traîner sur Discord, notamment sur les serveurs dédiés à l’écriture ou à la lecture. Je crois bien que c’est le RP qui m’a aidée à vaincre petit à petit ma phobie sociale (bon, il y a encore du boulot). J’en parlerai, j’en parlerai !

Bref, j’ai rencontré du monde. Des personnes absolument merveilleuses, prêtes à m’aider, même. Certaines d’entre elles m’avaient déjà lue sur Wattpad ou ailleurs, d’autres non. Quelques privilégié-es (si j’ose dire) ont connu la V2 des Hurlements noyés, à l’époque où ce roman s’appelait encore Une histoire de secte. Et quand j’ai évoqué mon intention de lancer une campagne Ulule, j’ai eu droit à mon petit bouquet de réactions positives !

Je ne sais même plus comment ça a pu se passer. J’ai oublié à quel moment mon nombre d’abonné-es a commencé à augmenter – ça n’avait pas grande importance pour moi ; ce qui comptait, c’était que ça augmente ! Les choses ont changé quand Tatyana Ramazzotti a commencé à m’apprendre quelques trucs sur la com’. Aurais-je pensé assimiler des tips en matière de communication et de marketing, moi ? Absolument pas ! Se vendre, tout ça… La bête noire de beaucoup d’écrivain-es, et, en ce qui me concerne, un vrai talon d’Achille. Enfin, c’est ce que je croyais.

La communication, c’est le fun ?

(Je ne suis pas du tout québecoise mais j’aime bien cette expression.)

Eh bien, parfois, oui. Et puis ça me fait une excuse pour procrastiner.

Bon, il y a des jours où c’est chiant, stressant, répétitif, rébarbatif. Et pas naturel, par-dessus le marché, mais j’aime incarner cette assurance, cette désinvolture parfois, sur les réseaux sociaux. Ça m’amuse, ça me détend, ça me fait un bouclier aussi, une coquille de protection. Ça m’aide à relativiser, parfois, par auto-persuasion.

Sinon, j’ai aussi appris à créer des visuels – bon, sur Canva hein, mais faut bien commencer quelque part. Je me suis battue contre ma peur de déranger les autres, contre la crainte d’emmerder le monde avec ma campagne Ulule ou même avec l’écriture de LHN. J’ai appris des trucs sur la communication des entreprises, aussi. Ça stimule mon intérêt pour le hacking social, tout ça ! J’analyse un peu mieux ce qui se dit sur les réseaux sociaux, surtout entre vendeureuses et acheteureuses potentiel-les.

Et socialement parlant, je progresse. Ayant toujours cherché activement le manuel des relations sociales que tout le monde semblait avoir reçu à la naissance sauf moi, j’ai un peu abandonné l’idée d’être naturelle à cent pour cent, je dois l’avouer. Interagir, ça m’a toujours demandé des efforts conscients, une réflexion. Il y a des codes que j’ai plus ou moins intégrés, mais j’apprends toujours et je crois que je me démerde pas trop mal.

Ces considérations techniques mises à part, la com’, c’est parfois d’autres belles rencontres, oui oui. Quand la discussion se poursuit après un tweet et que les façades s’effritent peu à peu.

Est-ce que j’arrive à gérer écriture et campagne/communication ?

Ça, ça dépend des jours.

Je m’impose petit à petit une règle dont mes followers sur Twitter sont au courant : le week-end, c’est pause réseaux sociaux, déjà. Comme je le disais, le community management, si on peut appeler ça comme ça, c’est épuisant. (Vous pouvez dire que les réseaux sociaux sont épuisants, je ne vous contredirai pas sur ce point !)

Parfois, je suis trop fatiguée pour écrire. Parfois, je suis pas assez concentrée pour le faire (oups). Je suis obligée de me fixer des objectifs à court terme, campagne Ulule ou pas, parce que je suis terriblement indisciplinée. (Oui, la découverte du NaNoWriMo a été une révélation et m’a permis d’avancer assez régulièrement sur l’écriture du tome 2 de Stanley n’est pas mort. Si jamais vous voulez écrire avec moi, d’ailleurs, mon profil est juste là.

Mais du coup, cette campagne Ulule, ça marche ?

Eh bien écoutez, j’ai récolté 67% du montant total en une semaine, donc j’imagine que oui ! Si vous voulez participer vous aussi (merci mille fois, parce que si je me suis donné tant de mal, c’est bien parce que ce projet me tient TRÈS à cœur), voici ce fameux Ulule, avec plein de contreparties cools que j’ai pu proposer grâce à cette équipe de choc.

Vous vous rendez compte que j’apprends à faire confiance à une équipe, en plus de tout ça ?

Comment je me sens ? Le premier jour, j’étais extatique au vu du nombre de participations. Mon rêve se réalisait sous mes yeux ! Depuis, alors que le rythme a logiquement ralenti, disons que j’ai mes moments de doute, d’angoisse voire de terreur. Les Hurlements noyés, l’écriture, tout ça, c’est mon rêve ultime. Alors j’oscille entre espoir fou et peur noire. Mais ça, c’est dans ma tête. Les faits sont là : ça marche. Et heureusement qu’il y a les contreparties Ulule, parce que moi, je ne sais toujours pas comment exprimer ma gratitude à qui que ce soit !

Photo by Andrey Metelev on Unsplash


2 commentaires

Charlotte · août 4, 2021 à 9:04 am

Une sacrée aventure qui valait le coup !

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