Malone Silence https://malonesilence.com/ Histoires hantées Fri, 29 Sep 2023 16:54:04 +0000 fr-FR hourly 1 https://i0.wp.com/malonesilence.com/wp-content/uploads/2021/02/logo-site.jpg?fit=32%2C32&ssl=1 Malone Silence https://malonesilence.com/ 32 32 188410031 Noah [REDACTED] : faire face au Vide https://malonesilence.com/noah-redacted-faire-face-au-vide https://malonesilence.com/noah-redacted-faire-face-au-vide#respond Fri, 13 Jan 2023 19:18:48 +0000 https://malonesilence.com/?p=1250 Il est possible que le nom de famille de Noah soit Peterson. Il ne peut pas en être certain. Sa mémoire est presque vierge, comme s’il était né ici et maintenant. Ici, dans cette chambre d’hôpital qu’il partage avec Stanley, l’homme qu’il va aimer. C’est donc au début des Pleurs […]

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Il est possible que le nom de famille de Noah soit Peterson. Il ne peut pas en être certain. Sa mémoire est presque vierge, comme s’il était né ici et maintenant. Ici, dans cette chambre d’hôpital qu’il partage avec Stanley, l’homme qu’il va aimer.

C’est donc au début des Pleurs du Vide qu’on fait connaissance avec Noah. Et c’est en commençant l’écriture de ce deuxième tome que je l’ai connu moi-même. Il ne vient pas des Hurlements noyés, ni du peu que j’avais prévu pour la trilogie dans son ensemble. Noah s’est imposé de lui-même, comme beaucoup de mes personnages. Et surtout, il s’est imposé de l’extérieur.

Comme tout, non ? Oui, mais d’une autre manière. Noah est un apport de l’extérieur pour apporter de la lumière à l’intérieur, littéralement.

I) Naissance de Noah : le vertige du RP

J’ai déjà parlé création collective sur ce blog, et du fait que certains personnages s’étaient rencontrés en RP. Ceux des autres, et les miens. Certains d’entre eux se sont liés très étroitement.

J’ai peu joué avec Stanley, en RP. Il a toujours été assez difficile de le faire. Stanley n’ose pas trop s’exprimer hors de sa propre histoire. Et puis, ça me faisait trop l’effet de me promener en public les tripes à l’air.

Mais ! Il a rencontré du monde. Et, parfois, du très beau monde. Dans cet univers parallèle, il est tombé amoureux deux fois, de personnages plutôt réconfortants. A chaque fois, je me suis trouvé, disons, un peu trop investi. C’est comme tout avec mes personnages, c’est quelque chose que beaucoup d’auteurices partagent, tout ça tout ça.

Bon, c’est un peu embarrassant, quand même. De raconter que quand ton personnage tombe amoureux, tu tombes un peu amoureuxe toi aussi. Qui a aimé cet être fictif en premier, d’ailleurs ?

Inutile de le préciser, mais précisons-le quand même : c’était l’époque où ça n’allait pas fort. Dans mon isolement, je trouvais du réconfort dans la présence de personnages créés par d’autres, avec qui j’interagissais. Sain ou pas, simple immersion ou autre chose, je ne sais toujours pas : l’important, c’est que ça m’a aidé. Et que ça m’a fait réfléchir à d’autres aspects du nécessaire apport des univers d’autrui à nos propres mondes.

II) Noah VS The World (B)

Si un personnage né d’un univers A se retrouvait coincé dans un univers B, il se passerait quoi ?

A priori, pas grand-chose. C’est un simple changement d’espace-temps, non ? A un détail près : les personnages sont dépendants de leur créateurice. Iel contient tout pour eux, y compris leur mémoire. Si quelqu’un·e décidait de me “léguer” ses personnages pour une raison ou pour une autre, est-ce que, sous ma plume, dans mon esprit, ils resteraient les mêmes ? Leur histoire serait nécessairement différente, ne serait-ce que dans certains détails. A moins de passer d’un univers à un autre par conscience partagée, il est impossible pour un personnage de franchir le seuil sans en être altéré. Ce serait même plutôt, à l’arrivée, une copie du personnage de départ.

Et si personnage A et personnage B se rencontraient sur timeline C ? Et si une histoire s’écrivait à quatre mains ou plus, avec du partage de personnages ? D’ailleurs, où commence-t-elle, la création de l’univers : avant ou après l’écriture ? Pendant ? Est-ce qu’il se dédouble, puisqu’on voit tout se dérouler avant d’écrire ? Des questions que personne ne se pose, à part Noah et moi !

Aparté : La lecture de La Prophétie des sœurs-serpents et des articles d’Isis Labeau-Caberia m’a apporté un nouveau point de vue sur la question 👀

D’où vient Noah ? Il n’aura de cesse de chercher la réponse au long des Pleurs du Vide. Il n’a pas de passé, pas de certitude quant à ce qui fait son identité, et c’est peut-être par désespoir qu’il tombe amoureux de Stanley, son seul repère. Et là, c’est le bon moment pour s’inquiéter un peu. Quel équilibre est possible dans une relation pareille, entre un homme qui n’a pas du tout vécu et un autre qui en a trop vu ?

… Je vous l’ai dit, non, que Stanley n’est pas mort parlait pas mal de dépendance et d’émancipation ?^^ Des formes d’enfermement et des solutions pour s’en extraire, en tout cas. Peut-être faut-il briser les frontières entre les mondes fictifs pour libérer Noah, qui sait ? 👀

J’ai l’impression que cet article soulève un paquet de questions, et j’ai envie de parler de BEAUCOUP de trucs là tout de suite, mais ce serait trop long. Et mes personnages parleront toujours mieux de mes propres questionnements que moi, que ce soit par rapport à leurs histoires ou autre chose !

III) Noah : Soft and Furious

OK, après ces dernières digressions, qui est Noah, à part un drôle de love interest au potentiel méta ?

Bon, évidemment, c’est un chouette gars, touchant et très bavard – vous verrez, question logorrhée, il concurrence Archie… dont nous parlerons plus tard !

Son caractère rejoint celui de Stanley sur pas mal de points. A cela s’ajoute un immense appétit de vivre qui a fait éclater le scénario prévu initialement ! Parce que Noah est cet élan venu de l’extérieur, sans doute trop tard mais venu quand même, qui pourrait relancer la machine. En des termes plus humains : sous ses airs fragiles, Noah a toutes les armes en lui pour s’en sortir, et même le courage de se rebeller contre l’effondrement de son univers. Une petite force de la nature ! C’est sans doute ce qui lui permettra de se lier avec une autre personne, que vous connaissez bien aussi…

En fait, j’ai encore pas mal de questions moi-même, en relisant l’article. Ai-je davantage parlé de Noah en tant que membre de relations, de ce qu’il représente plutôt que de lui-même en tant que personnage ? Je ne pensais pas que parler de lui serait si compliqué, mais ça l’est. Il y a ce qu’il représente, ce qu’il est pour Stanley et pour l’univers, et il y a son absence d’histoire. Toute son histoire, vous la lirez dans Les Pleurs du Vide. Comme lui-même le dit à Stanley :

Tout ce dont je me souviens, je l’ai vécu avec toi.

Bonus : theme songs

J’ai créé une playlist spéciale pour Noah, parce que certaines chansons me font invariablement penser à lui. Certaines se sont trouvées par hasard sur mon chemin. D’autres illustraient, à la toute base, une scène des Pleurs du Vide. Est-il possible que Noah ait son propre roman un jour ? Peut-être bien.

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Ces conseils d’écriture que je n’ai pas suivis https://malonesilence.com/ces-conseils-decriture-que-je-nai-pas-suivis https://malonesilence.com/ces-conseils-decriture-que-je-nai-pas-suivis#respond Fri, 13 Jan 2023 18:37:15 +0000 https://malonesilence.com/?p=1125 Si vous me connaissez, vous le savez : je suis une tête de pioche quand il s’agit d’écriture. Je place le plaisir en priorité et ai toujours préféré apprendre par moi-même – quand j’étais gosse, c’était LE domaine où je pouvais apprendre tout seul, sans supervision ! Mais j’ai aussi […]

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Si vous me connaissez, vous le savez : je suis une tête de pioche quand il s’agit d’écriture. Je place le plaisir en priorité et ai toujours préféré apprendre par moi-même – quand j’étais gosse, c’était LE domaine où je pouvais apprendre tout seul, sans supervision ! Mais j’ai aussi toujours été du genre à douter, à vouloir m’assurer que j’allais dans la bonne direction ; c’est dans ce contexte que j’ai commencé à m’intéresser aux conseils d’écriture. Sur Internet, surtout, et parfois dans les revues du CDI pour celles qui parlaient d’écriture. Je me souviens avoir imprimé, photocopié, découpé, compulsé des tonnes d’interviews d’auteurices (merci Elbakin !), fasciné par les processus créatifs. Aujourd’hui encore, j’adore lire les créateurices en parler, je trouve leur diversité absolument géniale. Sans ça, le monde de la création perdrait tellement en richesse !

Pourtant, les conseils d’écriture sont partout. Les auteurices elleux-mêmes donnent les leurs, parfois, alors que leur manière de travailler leur est propre – peut-être l’ont-iels prise d’autres personnes, et ça a marché, ce qui est top ! Ces conseils peuvent donner des pistes, ouvrir des possibilités aux jeunes écrivain-es en quête de réponses ou d’assurance. Et puis, comme on dit, il est bon de connaître les règles avant de les briser.

En ce qui me concerne, certaines “règles” m’ont très vite saoulé. L’écriture étant mon principal plaisir, je n’avais aucune envie de le gâter – surtout que j’étais gosse, eh ! Et en même temps, je voulais écrire bien. Il fallait bien que je me frotte aux conseils, aux points de vue d’autrui pour progresser, non ? je vous jure que, certains jours, ce duel intérieur me prenait le crâne. Reste que, pour l’essentiel, je n’en ai fait qu’à ma tête. Une tête de pioche, je vous jure, je dois être à 6 ou 7 sur l’échelle de Jean Mineur. Si c’était à refaire ? On en parle tout de suite !

Conseil n°1 : Faire un plan

Avant de connaître la désormais fameuse distinction entre auteurice architecte et auteurice jardinièr-e, je traînais sur des forums d’écriture où mes collègues se montraient catégoriques : sans plan, tu ne peux pas écrire bien. Vous avez connu cette période, vous aussi ? Vous aussi, elle vous a gonflæ ? 😅

A l’époque, je ne savais même pas qu’on pouvait écrire un plan pour une histoire. Pour moi, c’était à l’école qu’on en faisait ! Merde, comment tu pouvais t’amuser avec ça ? Découvrir les secrets de ton histoire, de tes personnages, de ton imagination au fur et à mesure, ça faisait partie du plaisir d’écriture, non ? Bref, j’étais auteur jardinier et j’aurais milité pour le jardinage si j’avais pu !

Si c’était à refaire ?

Nope, toujours pas ! (Et aujourd’hui, je suis content de voir qu’on est plusieurs à “s’assumer” adeptes du jardinage !)

Bon, en général, je connais un peu mon histoire, dans les grandes lignes. Je suis jardinier à tendance paysagiste, si vous voulez. Quelquefois, pour les versions ultérieures de mon manuscrit, je prends des notes. Mais l’essentiel se passe dans ma tête et est en évolution quasi constante.

J’ai essayé d’écouter ce conseil, une fois, pour un de mes premiers romans. C’était de la fantasy et j’avais 12 ans. J’ai totalement flingué mon inspi ce jour-là et je n’ai jamais réussi à continuer. (Bon, le projet était pas ouf non plus, les œuvres de jeunesse, tout ça.)

Conseil n°2 : Ne pas commencer par une saga

C’est le moment où on entre dans la nuance.^^

De base, il n’était pas prévu que Stanley n’est pas mort soit une trilogie. J’avais en tête l’histoire de Stanley et de la Famille, c’était tout. Puis j’ai rangé ce roman dans un tiroir, puis mes personnages m’ont hanté, et puis je leur ai envisagé une autre histoire… Et la trilogie de Stanley est née, puis l’univers étendu, puis tout.

A l’époque où j’ai vu passer ce conseil pour la première fois, “ne commence pas ta carrière par une saga”, je voulais écrire une trilogie de fantasy, celle dont je parlais plus haut. Parce que c’était difficile, d’écrire une saga, quelle que soit sa longueur. Mais j’en avais envie, et tant pis si c’était plus dur. J’ai publié et projeté la suite des Hurlements noyés dans le même état d’esprit. Pour le coup, je ne doutais pas : cette histoire devait être une trilogie, voilà tout.

Si c’était à refaire ?

Ce qui me vient, là, tout de suite, c’est un rire nerveux.

Je vous explique le truc : il fallait que je commence l’aventure avec la trilogie de Stanley. Ça s’est présenté comme ça, voilà tout, à ce moment-là, et je n’ai jamais pu passer à autre chose, jamais. Je vous jure, j’ai essayé pendant des années sans aucun foutu succès. Et avec le recul, faire mes débuts d’auteur avec Stanley n’est pas mort a pris tout son sens. C’est un peu le prélude à tout ce qui s’ensuivra, ma façon de me présenter au monde en tant que créateur. Bref, c’était logique.

Mais mon Dieu, quelle prise de tête !

Déjà, j’ai découvert qu’écrire un tome 2, c’était compliqué. La jonction entre deux pans de l’histoire, entre le début et la fin, qui en même temps doit avoir un début et une fin propres. Ensuite, un détail et pas des moindres : les dates de sortie. Les campagnes Ulule. Le fait que tu ne peux pas tout de suite passer à autre chose, qu’il faut te consacrer à ce projet-là, pendant une période plutôt longue. Porter ta trilogie, tes trois livres, plusieurs campagnes de suite sur le même projet dans un laps de temps pas trop long pour éviter qu’on “t’oublie”, et alors que tu perds forcément un peu de ton lectorat en cours de route. (Bon, ce qui me rassure, c’est qu’il y a toujours des petit-es nouvelleaux pour me rejoindre, à chaque nouvelle étape, et prendre plusieurs tomes en même temps parfois ! ❤️) C’est un putain de marathon.

Donc : si je devais le refaire, comme j’ai dû le faire parce que c’était comme ça, parce que mon histoire était là et devait naître maintenant, oui, je le referais. Mais j’avoue que si une suite de one-shots s’était présentée, ç’aurait été moins énergivore !

Conseil n°3 : Faire des fiches

Des fiches personnages, des fiches worldbuilding, des fiches pour tout. Un conseil lié à celui de faire des plans, la préparation avant d’écrire tout ça tout ça. Et effectivement, j’ai besoin que le projet mijote un peu dans ma tête avant de me lancer dans l’écriture – mais encore une fois, c’est dans ma tête que ça se passe. Si besoin, je prends des notes en cours de processus.

En fait, faire des fiches sur mes personnages est pour moi aussi absurde que de faire des fiches sur mes proches. Mes personnages, je les vois, je les sens, j’apprends à les connaître comme j’apprendrais à connaître les gens – plus en profondeur, certes, avec une empathie plus développée (coucou Stanley), mais ça revient au même. En tout cas, c’est comme ça que ça se passe pour le Stanleyverse. Parce que j’ai un lien émotionnel à ces personnages.

Et donc ?

Là encore, c’est à nuancer. Pour le wolrdbuilding, par exemple : pour le moment, je n’écris pas d’historique, de fantasy dans un monde imaginaire, bref rien de si complexe en termes de construction. Un jour, ça viendra peut-être.

Pas pour les personnages, par contre… Quand j’ai un lien fort avec eux, en tout cas.

Il y a quelque temps, j’ai commencé l’écriture d’un drame amical/thriller psy, Le Monde à ses pieds. Et je n’ai pas avec les personnages de cette histoire le même lien qu’avec ceux du Stanleyverse. Pour moi, ce sont des idées, des concepts, plus que des personnes. C’est dû à la backstory de LMàsP. Ce roman est librement inspiré de faits réels, d’une partie de ma vie que j’avais besoin d’exorciser telle quelle (enfin presque, c’est une œuvre de fiction, hein). Je sais que ces personnages sont des copies. Je me demande si un jour, elles prendront vie pour de vrai, se détachant de leurs modèles de chair et de sang comme des stickers de leur carton. En attendant, il m’arrive d’oublier leurs noms, de les mélanger. J’ai dû les noter, écrire l’organisation des classes (l’histoire commence dans un collège)… Pour le moment, ils n’existent pas, ces personnages. Alors je prends des notes sur eux.

Mine de rien, ça m’aura appris un truc : le processus créatif n’est pas nécessairement figé. Il peut évoluer au fil du temps et des besoins, des exigences de telle ou telle histoire. En tout cas, c’est comme ça pour moi ! Ça m’a brièvement interrogé sur mon identité d’auteur, mais ce n’est pas ce qui compte le plus. je suppose que je suis à l’écoute des besoins de mon cerveau. Plutôt positif, non ?

Conseil n°4 : S’en foutre de la qualité du premier jet

Bon, alors.

J’ai songé plusieurs fois à écrire un article sur le sujet, sans savoir comment tourner le truc – et sans trop y penser à vrai dire, j’avais déjà des trucs sur le feu. Parce que pour le coup, c’est un conseil que je n’ai pas tout à fait “jamais” suivi, mais attendez un peu, j’arrive.

Votre camarade ici présent est anxieux, à tendance perfectionniste. Je n’ai pas su écrire sans réfléchir pendant très longtemps. Enfin, “réfléchir”, je ne sais pas, disons que je mobilisais mes connaissances en écriture, ce que j’en avais appris d’après mes lectures et, tout de même, des conseils qui m’étaient entrés dans la tête et que je croyais devoir appliquer à chaque étape. Écrire de manière contrôlée, en fait. Contrôler mon écriture, mes pensées, tout.

J’ai arrêté.

J’ai dit un jour que je parlerais de la manière dont j’ai écrit la troisième version de LHN. La définitive.

Il s’est passé des choses, entre le début de la V2 de LHN et sa V3. J’ai notamment découvert des auteurices extrêmement talentueuxses. J’ai découvert MOLOCH, par exemple. Les écrits de Timmy. Le genre de roman qui te prouve qu’en fait, tu peux tout écrire, faire tout ce que tu veux. Qu’il suffit de te laisser parler, toi, et de t’éclater un maximum. Juste écrire, y trouver son compte, et puis un jour, parvenir à créer son propre langage, son propre sens.

J’ai appris que, peut-être, je pouvais me faire confiance et laisser parler mon cœur d’auteur. Dans tout ce qu’il a de brut, de maladroit parfois, de toujours sincère, de beau finalement. C’est comme ça que je l’ai écrite, la V3 de LHN. Je me suis lâché. Il m’a fallu me pousser un peu, au départ, quitte à rallonger certaines phrases, à me forcer à aller au-delà des limites que je m’imposais. Il reste encore des traces de “lutte” dans les pages des Hurlements noyés. Des moments où on perd en stabilité, des phrases que j’écrirais différemment aujourd’hui – c’est qu’un style, ça peut évoluer vite -, des moments où j’en fais peut-être un peu des caisses ! Mais c’est comme ça que je me suis libéré, et je suis content, finalement, que LHN porte les traces de mon cheminement. Il n’en est que plus humain, si l’on peut dire. LHN est vivant, plein d’aspérités, d’irrégularités que j’ai pu tout de même polir à la réécriture, histoire qu’il soit présentable !

Ce qui m’a aidé ?

La lecture d’histoires qui sortaient des sentiers battus, donc. Et le NanoWriMo, aussi !

Comme je le disais plus haut, j’ai longtemps réfléchi en écrivant, soupesé mon écriture, mot après mot, phrase après phrase. Quand tu fais le NaNo, et des sprints d’écriture, tu dois écrire vite. Pour apprendre à se lâcher, c’est radical. Parfois, des phrases te viennent, des expressions brutes, incongrues et belles, souvent parlantes pourtant – vous avez déjà lu de l’écriture automatique ? C’est ça, les sprints.

Évidemment, dans mon cas, c’est d’autant plus adapté que j’écris des histoires sombres, avec beaucoup de psychologie, d’introspection. Lucian, le premier one-shot du Stanleyverse, est bourré de chapitres entiers écrits comme ça. C’est du jus d’âme, de trauma parfois. La parole brute et frénétique de mes persos. C’est assez incroyable, d’écrire comme ça, presque à la vitesse à laquelle se manifeste l’émotion.

Bon, il y a des moments où j’ai besoin de ralentir, quand même. De me poser, de réfléchir avec mes personnages, ou de savourer un moment avec eux.

Tu as un peu digressé, non ?

Je me suis peut-être un peu emballé, oui ! Mais écoutez, c’était aussi le bon article pour ça. J’espère quand même qu’il n’est pas trop, trop long !

Cette liste de conseils pas suivis et de remises en question n’est sans doute pas exhaustive. J’en ai oublié, au fil des années ; j’ai parlé de ceux qui avaient pris de la place dans ma vie d’auteur, d’une manière ou d’une autre. Ceux qui ont compté, qui m’ont appris des choses sur moi, même indirectement.

Tout ça pour vous dire que, des conseils, je ne vous en donnerai jamais. Pas un seul, à part celui de vous éclater et de vous faire confiance. D’écrire, et c’est tout. D’abord parce que je me sens absolument pas légitime à vous en donner, ensuite parce qu’on trouve des conseils partout, que tout le monde veut nous apprendre notre boulot et que c’est chiant. A croire qu’il faut obligatoirement se cantonner à des règles, qu’il n’y a qu’une façon de faire, qu’il n’y a rien de beau et de magnifiquement créatif en nous-mêmes.

Qui plus est, la plupart des conseils que je vois passer, que je connais, s’adressent aux auteurices débutant-es. Bon là, je parle depuis ma position d’écrivain qui commence à avoir un peu d’expérience. Bien sûr, on ne cesse jamais d’apprendre. Mais justement : une fois passés les conseils pour toutes jeunes plumes, qu’est-ce qu’on a ? Pour aller plus en profondeur, il faut chercher un peu. Et parfois, on trouve des choses intéressantes, qui nous mènent à réfléchir à notre pratique. Comme pour toute activité, finalement. Mais souvent, on en reste aux conseils de base, sans forcément tenir compte des particularités de l’auteurice d’en face.

Donc voilà, je ne vous conseillerai que ça :

Écrivez, pratiquez – tant que vous vous éclatez, parce que sinon ça sert à rien – et ne croyez pas trop que les autres connaissent mieux que vous votre taff. Restez ouvert-e, bien sûr, et cherchez toujours à apprendre. Mais cette passion et cet élan créatif sont à vous. Les merveilles qui naissent dans votre esprit, ce sont les vôtres. Ayez foi en elles, si vous ne parvenez pas encore à avoir foi en vous. Souvent, les mondes que nous créons sont plus grands que nous-mêmes, tant nous les nourrissons. Et votre âme vous emmènera loin.

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“The Daughter of Rivers and Bones”, par Mirabelle Aurea https://malonesilence.com/daughter-of-rivers-and-bones https://malonesilence.com/daughter-of-rivers-and-bones#comments Thu, 17 Nov 2022 16:38:35 +0000 https://malonesilence.com/?p=1113 The Daughter of Rivers and Bones, ou la fille des rivières et des ossements, ou le phoque, c’est Aislin Waters, auparavant Aislin Rose (je mettrai le lexique à jour en temps voulu !). Oui, parce que depuis que je le connais, c’est un roman très très évolutif ! C’est que […]

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The Daughter of Rivers and Bones, ou la fille des rivières et des ossements, ou le phoque, c’est Aislin Waters, auparavant Aislin Rose (je mettrai le lexique à jour en temps voulu !). Oui, parce que depuis que je le connais, c’est un roman très très évolutif ! C’est que Mirabelle Aurea prend le temps de construire son univers depuis des années ; en témoignent les articles de son blog à ce sujet. Oui, si son nom vous dit quelque chose, c’est parce qu’elle est membre du Kraken Writing Club et qu’on écrit souvent ensemble. Et que nos univers ont fini par se chevaucher un peu ; c’est bien pour ça qu’Aislin se retrouve dans le lexique de Stanley ! Elle apparaîtra sans doute dans les spin-offs, mais on y reviendra.

J’ai connu Mirabelle Aurea en RP. Ce sont nos personnages qui se sont chargés des présentations, finalement ! Procédons par (relatif) ordre : d’abord, Stanley s’est lié à Aislin (dite Ash) et à Ezora, puis Archie a pris sous son aile quasiment tout le cast de Mirabelle parce que, pourquoi pas, protéger des gens lui manquait ! Il est devenu très proche d’Ash et de Kay, bref, longue histoire, encore une fois on y reviendra plus tard.

The Daughter of Rivers and Bones est donc l’histoire d’Aislin “Ash” Waters, qui a passé son enfance enfermée dans un laboratoire avec d’autres enfants, sans contact avec le monde extérieur. Leurs geôlièr-es semblent s’intéresser de près à leurs pouvoirs. Vient le jour où Ash s’évade avec deux frères devenus ses amis les plus proches. Toustes trois s’échappent dans la nature, une armée potentiellement à leurs trousses. Iels vont bien sûr trouver des alliæs sur leur chemin… dont la version d’Archie de cet univers ! Mais sous un autre nom. (Quelque part, tous les personnages de la création sont les mêmes, éparpillés dans le multivers en plusieurs versions ! Non ?)

Je vous avais dit qu’on faisait de la création ouvertement collective : nous y voilà. Le reste, c’est principalement des questions de droit d’auteur. Moi, je suis auteur indé et je m’en fous ; quand on édite via une ME, ça peut être plus compliqué. Et The Daughter of Rivers and Bones mérite d’être édité. Individuellement, au-delà de l’aspect collectif du truc, de l’aspect jeu. (Merde, c’est très bien, le jeu : enjaillez-vous, ami-es créateurices !)

Pour l’instant, on ne peut lire que des extraits du tome 1, Fragments. Comme je le disais, ce roman est du genre évolutif. Mirabelle Aurea revient souvent dessus, écrit des chapitres au compte-goutte, réécrit les précédents. Dans ces conditions, vous vous dites sans doute : “Mais alors, pourquoi cette chronique ? Comment juger un livre qui n’est pas encore terminé ?” Eh bien, ce n’est pas vraiment le but de cet article. Enfin si. Enfin non.

Déjà, on peut parler des spin-offs. Par exemple, Un escalier vers le ciel. En plus de nous apprendre davantage sur un personnage important, il est tout à fait lisible avant Fragments puisque c’est un préquel et qu’il ne spoile pas vraiment. Bon, si, un peu. Enfin non. Enfin si. Disons que le spoil n’a pas beaucoup d’importance dans l’univers de The Daughter of Rivers and Bones. Enfin si, mais pas en ce qui concerne les relations entre les personnages. On sait qu’Ash, Lou et Kay sont ensemble à un moment, l’autrice l’annonce dans ses articles, il n’y a aucun doute à avoir ! La question, c’est plutôt de savoir comment ça va se passer. Quelques textes l’annoncent, mais ils sont préparatoires (même Un escalier l’est), à l’image de Ciel rouge pour le tome 3 de la trilogie de Stanley ! Alors, canon ou pas ?

En tout cas, la manière d’écrire de l’autrice se dessine déjà. Beaucoup de douceur dans la douleur, des émotions brutes comme on aime, du hurt-comfort bien géré et un style qui a sa propre texture, son propre goût en bouche. (Au sens littéral : je fais de la synesthésie.^^)

Nous avons donc des avant-goûts de Fragments et de ses suites, tout au plus. Ce qui se dévoile, c’est un univers foisonnant et des personnages très attachants ; autant dire que ne pas avoir l’histoire finie à nous mettre sous la dent, avec son style, son rythme, son suspense, sa charge émotionnelle, suscite une frustration assez terrible. Nous reste la vue imprenable sur le processus créatif de Mirabelle, passionnant à suivre. Évolution des personnages, mythologie de l’univers, idées destinées à germer ou non… Son blog, c’est l’essence même du partage entre auteurices et avec le lectorat. Son blog, c’est la raison pour laquelle les communautés littéraires existent sur Internet.

Mirabelle Aurea, comme beaucoup d’auteurices, n’attend en réalité que nous. Son univers est une porte ouverte, une invitation au lectorat à regarder par-dessus son épaule, une invitation pour les auteurices à aimer ce qu’iels font. Quant à The Daughter of Rivers and Bones, il mérite d’être soutenu. Cette chronique n’est qu’une preview, tout comme les fragments (héhé) que l’autrice laisse sur les traces de son imagination. Passez la porte de cet univers dur mais plus chaleureux qu’il n’y paraît et encouragez-le à naître au monde, à briser sa coquille pour de bon. On a besoin de ces voix qui, au milieu d’un monde trop violent pour nous, nous assurent qu’il y a encore de quoi espérer.

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Amazon, réussite du Ulule et autres actus https://malonesilence.com/amazon-reussite-du-ulule-et-autres-actus https://malonesilence.com/amazon-reussite-du-ulule-et-autres-actus#respond Mon, 31 Oct 2022 11:52:03 +0000 https://malonesilence.com/?p=1094 Vous me l’avez demandé : Les Hurlements noyés arrive sur Kindle en ce jour d’Halloween ! Il en sera de même pour Les Pleurs du Vide et les autres ! Bon, pour des raisons diverses, allant du souci de qualité d’impression à celui d’éthique, les formats imprimés ne seront pas […]

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Vous me l’avez demandé : Les Hurlements noyés arrive sur Kindle en ce jour d’Halloween ! Il en sera de même pour Les Pleurs du Vide et les autres ! Bon, pour des raisons diverses, allant du souci de qualité d’impression à celui d’éthique, les formats imprimés ne seront pas disponibles sur Amazon. Pour ça, c’est dans ma boutique que vous devrez vous rendre ! 🙂 En attendant, n’hésitez pas à me donner un peu de visibilité en postant des commentaires sur la page, ça fait plaisir !

Ça, c’est pour la nouvelle du jour. Autre événement qui n’a rien à voir avec Amazon : la réussite de la dernière campagne Ulule !

Je ne vais pas revenir sur le stress intense de cette campagne en détail. Je dirai seulement que le fait que ce n’était pas ma première n’a pas changé grand-chose à mon état mental ! Bah oui, c’est que j’ai pas pu m’empêcher de comparer les résultats de la seconde avec ceux de la première. L’inflation et le reste ont fait que cette campagne a avancé plus lentement que celle de LHN. Il me reste également des choses à apprendre en termes de communication. Mais eh, on y est arrivæs, avec 109% de l’objectif atteints ! Merci, merci à vous pour ça, merci pour votre soutien et votre confiance en moi. Vous n’avez pas idée de ce que ça représente pour moi.

Les Pleurs du Vide sortira sur ma boutique et sur Amazon en juin 2023… au plus tard ! Parce que j’ai peut-être les moyens, cette fois-ci, d’avancer plus vite et plus efficacement. La vie personnelle qui s’améliore et rentre dans l’ordre, tout ça tout ça. Je ne vous promets rien non plus, mais voilà, j’ai bon espoir tout de même. Vous en parler, ça va me donner encore plus de motivation !

Pour le NaNoWriMo, je me relance dans le tome 3. Oui, je dis “relance”, parce que j’ai un souci avec l’incipit actuel. Je ne sais pas comment continuer avec lui, et en même temps, je sais que je dois garder ces passages. Eh, c’est l’introduction du personnage d’Archie, quand même ! Oh, et si ça vous intéresse, je suis en cours d’écriture d’un petit roman, lisible juste ici. C’est un drame amical et un thriller psychologique, bourré de nostalgie d’une adolescence pas vécue et dont l’esthétique est un peu halloweenesque ?

Parce que cette période de l’année, c’est un peu mon espace-temps naturel, finalement.

EDIT : LHN est aussi dispo à la Librairie Jeunes Pousses depuis ce soir !

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« Les Pleurs du Vide » arrive sur Ulule ! https://malonesilence.com/les-pleurs-du-vide-arrive-ulule https://malonesilence.com/les-pleurs-du-vide-arrive-ulule#respond Mon, 29 Aug 2022 16:15:51 +0000 https://malonesilence.com/?p=1065 J’ai terminé le second jet de Les Pleurs du Vide il y a deux semaines. La campagne Ulule démarre le 5 septembre prochain. Même que vous pouvez vous tenir au courant du lancement juste ici. Eh ouais. J’ai mis du temps à réaliser que Les Pleurs du Vide, c’était fini. […]

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J’ai terminé le second jet de Les Pleurs du Vide il y a deux semaines. La campagne Ulule démarre le 5 septembre prochain. Même que vous pouvez vous tenir au courant du lancement juste ici.

Eh ouais.

J’ai mis du temps à réaliser que Les Pleurs du Vide, c’était fini. Pour ce qui est de réaliser que c’est ma deuxième campagne Ulule… bon, ça va. Il faut juste que je me prépare psychologiquement, vous voyez ? J’en ai parlé, c’est autant de travail que de stress. Mais… ça va. C’est vis-à-vis de l’écriture que c’est plus complexe.

Les Pleurs du Vide m’a rincé pendant des mois, entre l’éclate habituelle et la prise de tête, parce qu’un tome 2, c’est quelque chose ! J’en suis aujourd’hui plus content que je ne l’imaginais, et très heureux de ce qu’il peut devenir – le temps de relire, de corriger, tout ça. Et puis, c’est un beau petit pavé.

(Bon, c’est plutôt 120 que 117, en fait.)

Mais purée, au moment où j’ai posé le point final, j’ai pas réalisé. J’étais encore dedans, en transe. Vous connaissez ça ? Vous vous êtes plongeæ dans une histoire si longtemps qu’en sortir est difficile. Sentiment de vide, ennui, idées noires à certains moments… Ça m’a fait ça avec Les Pleurs du Vide. Puis j’ai réalisé que la campagne Ulule se rapprochait, et le stress est monté. J’ai vécu quelques journées de grosse angoisse. Et puis c’est redescendu au fil des préparatifs. Préparer ma page Ulule, ça m’a permis d’avancer.

Et ensuite ?

Et ensuite, je sais pas.

Il y a le premier jet de Lucian, qui m’attend sagement et dont vous pouvez lire les premiers chapitres ici. Continuer à l’écrire, commencer un second jet (tant de trucs ont changé !), faire les deux en même temps (et pourquoi pas ? Oui, mon processus créatif est chaotique, mais écoutez, je m’éclate comme ça) ?

A dérouler, comme dirait l’autre.

Il y a aussi RATURE, que je dois terminer. J’ai ouvert le doc ce matin. A l’heure où je vous écris, il est toujours ouvert. Il attend que je corrige ce qui doit l’être, puis que je reparte du bon pied. On dit que je me lance ce soir ?

Je dois également continuer soulmates never die, une autre nouvelle spin-off. Elle est triste.

Et puis, il y a le tome 3, toujours sans titre, déjà entamé. Un premier jet, là aussi. Je n’avais jusque-là travaillé dessus que dans ma tête. Je ne sais pas avec précision où je vais, ni comment l’histoire va finir. Il faut que ça mûrisse – mais Archie n’est pas patient. Lucien non plus, d’ailleurs.

Dans ma tête, mon monde est plus vivant que jamais.

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Personnages féminins : s’y attacher et les écrire https://malonesilence.com/personnages-feminins-ecriture https://malonesilence.com/personnages-feminins-ecriture#comments Thu, 18 Aug 2022 14:23:22 +0000 https://malonesilence.com/?p=1028 Quand j’étais enfant, en fiction, je ne m’intéressais qu’aux personnages féminins. Genré fille et déjà mis en concurrence avec les garçons, à l’école ou ailleurs, j’avais conscience que quelque chose de plus important se jouait lorsque, à l’écran ou sur les pages, un rapport de force s’instaurait entre une fille […]

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Quand j’étais enfant, en fiction, je ne m’intéressais qu’aux personnages féminins. Genré fille et déjà mis en concurrence avec les garçons, à l’école ou ailleurs, j’avais conscience que quelque chose de plus important se jouait lorsque, à l’écran ou sur les pages, un rapport de force s’instaurait entre une fille et un garçon, entre une femme et un homme. Pourquoi voyais-je toujours les hommes avoir le dessus sur les femmes, les malmener physiquement ou psychologiquement, et avoir le dernier mot ? C’est aussi ça qui m’a mené à avoir peur de ma “condition de femme” autant que des hommes. A en avoir honte, aussi. Bref, le patriarcat ça cause des dégâts, à l’Ouest rien de nouveau.

Enfants, notre apprentissage de la réalité passe en grande partie par la fiction. Et, qu’on l’admette ou non, c’est encore largement le cas quand nous avons atteint l’âge adulte. Alors oui, j’étais irrité, en colère, triste puis désespéré du destin des personnages féminins, auxquels je m’identifiais alors. Avoir peur pour ces femmes, tout le temps, me faisait me sentir mal. J’étais presque écœuré de les voir sans cesse en position de faiblesse, quelle que soit la situation. Je désespérais de voir un de ces personnages s’en sortir sans l’aide d’un homme.

Je ne vais pas m’étendre ici sur l’importance de la représentation : d’autres, comme La Booktillaise ou darksideofthemoune, l’ont déjà très bien fait, et je vous invite à les lire. Mais il me semblait logique de commencer par là. On en parle depuis si longtemps, de l’écriture de personnages féminins – et, de manière plus générale, de personnages ne correspondant pas au modèle dominant : masculin, blanc, cis, hétéro, etc. Ce modèle dominant et le cadre préétabli, en plus de ne pas être représentatifs, sont un frein à la créativité et brident l’imaginaire. Et donc, comment on en sort ? Avec pas mal de boulot. Petit partage d’expérience.

I) La réponse émotionnelle

J’avais parlé ici du processus derrière la création du personnage d’Allison Griggs pour Les Hurlements noyés. Allison Griggs est née de mon besoin, à treize ans, de me créer un personnage féminin monstrueux pour terrifier les hommes. Le concept a depuis beaucoup évolué – rien d’étonnant en dix ans. J’ai fait de mon mieux pour traiter quelque chose d’assez complexe et j’espère avoir réussi, sans en être tout à fait sûr.

Stanley, le personnage principal, est un mec. Si ça m’a permis d’aborder des thèmes très personnels, mon but premier, celui de mes 13 ans, était ailleurs. Quand j’ai créé Stanley, c’était pour avoir un comfort character – le mien. J’éprouvais le besoin d’un comfort character masculin dans un monde où les hommes me terrorisaient et où, dans le même temps, je pensais devoir les aimer et être aimé d’eux pour être heureux. Autre problème : je ne me voyais pas faire trop souffrir mes personnages féminins. Je les voyais en baver partout, je n’en pouvais plus. Or pour moi, l’écriture est cathartique. J’ai besoin d’aborder des thèmes durs, de parler de traumatismes. Alors j’ai utilisé des personnages masculins pour ça. Mon attachement étroit pour eux en a résulté – mes trois persos fétiches, c’est Stanley, Archie et Lucien.

Ajoutez-y la misogynie intériorisée et le manque de personnages féminins authentiques en fiction, et le serpent se bouffe la queue jusqu’aux côtes.

II) Un peu d’espoir, et le début du boulot

J’ai tout de même quelques contre-exemples sous la main, évidemment. J’en ai toujours eu, et vous aussi. On pensera sans doute aux mêmes personnages féminins – bah oui, il y en a encore trop peu dans la masse. De bons, je veux dire.

En tant que fan de Silent Hill, j’ai connu Heather Mason assez tôt. Elle a en partie servi d’inspiration pour Vicky, un de mes personnages préférés à l’heure actuelle. Mon attachement à un univers en tant que fan m’a-t-il aidé à me rapprocher d’un de mes personnages féminins ? (Oui, Vicky est sur le spectre non-binaire, mais je ne l’ai su que plus tard. Reste que cela signifie sans doute beaucoup sur mon processus, sur ce que mes personnages m’ont appris sur moi-même, etc.) Peut-être. Ou alors, j’étais juste heureux de rencontrer des personnages féminins attachants et authentiques !

C’est plus tard, pendant le sensitivity reading de LHN, que j’ai aussi commencé à éprouver quelque chose pour deux autres de mes personnages féminins : Sally et Ariane. Ce travail m’a poussé à les développer, à plonger le plus profondément possible dans leur psyché. C’était quelque chose que je n’osais pas faire, que j’ignorais comment faire sans que le résultat soit mauvais. Si Sally est un bon personnage, c’est grâce à l’aide d’Oyaomi ! Et mine de rien, ce travail a été libérateur. J’ai eu besoin d’un coup de pouce, mais écoutez, qu’il en soit ainsi ! C’est pas grave. La création, c’est beaucoup plus collectif qu’on ne le croit.

III) Comment travailler tout ça ?

L’une des solutions communément proposées est de considérer les personnages féminins “comme des personnages masculins”. Parce que les personnages masculins, eh bien, ce sont des personnages tout court, c’est la norme, c’est ce qui est neutre – haha. Bref, ça peut être un point de départ, mais ça pose d’autres soucis. On peut parler des personnages de “femmes fortes“, cette force étant souvent leur seul trait de caractère, mais pas seulement. Reprise de comportements problématiques de mecs, sexualisation à outrance, manque général de profondeur… (Je vous invite à lire l’article de Bon Chic Bon Genre à ce sujet.) De plus, si l’on s’inscrit dans un récit plutôt réaliste, l’identité de genre d’une personne est un élément constitutif de son appréhension du monde, de même que son orientation, le fait d’être racisæ ou non…

Assigné fille et perçu ainsi, j’ai vécu l’éducation, les relations humaines, la violence aussi, d’une manière différente de celle d’un homme cis. Les biais auxquels je dois faire face peuvent être différents. Chaque individu-e à son histoire, fruit d’une histoire collective longue et complexe. Dans ce cas, que faire ? Apprendre ! En diversifiant les fictions et la non-fiction que l’on consomme, en suivant des militant-es sur Internet (@lydieinthetrain, @AlbinEien, @BananaLicorne, @bibliofeel_, @Sarah_Ghey, @bookeylae, @lecturesensible…), en écoutant parler son entourage… et/ou, comme j’en parlais plus tôt, en faisant appel à des sensitivity readers quand il s’agit d’écrire ! En effet, parfois, notre position diffère tellement d’une autre qu’on ne peut totalement s’y imaginer. Si j’ai sollicité une SR, c’est parce qu’en tant que personne blanche, je ne peux comprendre pleinement le vécu d’une personne noire ainsi que les oppressions dont elle est victime. Bref, les ressources sont partout !

Restait, en ce qui me concerne, à travailler sur l’aspect affectif de l’écriture des personnages féminins, évoqué plus haut. Le travail est bien sûr toujours en cours !

IV) S’attacher à ses personnages

Je me suis rapidement rendu compte que j’avais un souci. Quand j’invente un personnage, je commence souvent par son physique. Sans doute un coup de ma mémoire photographique, ou le simple fait qu’une première rencontre passe souvent par là. Avec mes personnages féminins, c’est un souci parce que je ne peux pas m’empêcher, dans un premier temps, de les imaginer dans la norme : blanches, minces, valides… A l’image de la plupart de nos modèles, encore aujourd’hui.

Ainsi, j’ai su très tard que Sally Parkins était noire et avait un vitiligo. Ariane, sa sœur, s’est révélée grosse et handi quelques mois après sa naissance dans ma tête. Il m’a fallu quelques jours pour comprendre que Mélodie Anglade était une femme transgenre. Il faut toujours que les points les plus importants de leur identité me viennent sur le tard ! C’est aussi pour ça, j’imagine, que je suis un auteur un peu lent ? Là-haut, c’est aussi lent, trop lent.

A côté de ça, mes personnages masculins, quand ils ne sont pas des antagonistes ni l’incarnation de ce qui me terrifie, sortent du cadre directement. Ils sont au moins queer, neuroatypiques ou les deux en même temps. J’ai pris l’habitude d’extérioriser à travers eux ; à moi de faire en sorte que ça change, pour que mes personnages féminins deviennent tout aussi importants, pour moi comme pour l’histoire. Est-ce que cela signifie obligatoirement soigner mes traumatismes à travers eux ? J’ai longtemps craint de les malmener, parce que je me malmenais moi-même, ayant en tête qu’en tant que fille, j’étais une petite chose fragile. Mais Vicky, Sally, Ariane m’ont appris que je pouvais, à différentes échelles, utiliser les personnages féminins à des fins thérapeutiques. J’ai appris que je pouvais leur faire confiance.

V) Guérir du patriarcat

Parce que c’est de ça qu’il s’agit, finalement. Se défaire de la misogynie intériorisée, de la honte, de la peur de cette “féminité intérieure” et de toutes les conneries qui vont avec. C’est là que j’ai trouvé la principale fonction thérapeutique des personnages féminins. Oui, ils peuvent m’aider autant que leurs homologues masculins, en inventant de nouvelles façons de guérir, de nouvelles sororités, parfois de nouveaux moyens de se défouler et d’extérioriser. Une autre manière de faire face à la violence du monde. Mes personnages féminins sont porteurs d’espoir, parce que ce sont les femmes et le féminisme qui me l’ont rendu et m’ont permis d’avancer, voire de sortir de schémas et relations toxiques.

Il y a quelque temps, j’ai lu Eaux Troubles, un slasher féministe ultra cathartique. L’une des histoires les plus libératrices que j’aie pu lire. J’y repense souvent, aux aventures de ce groupe de filles réclamant vengeance et s’unissant contre leurs agresseurs.

Bien sûr, je ne crois pas qu’il faille obligatoirement ce côté positif dans l’écriture de personnages féminins et de leur histoire. Mais ça aide – je vous renvoie aux liens postés plus haut : les représentations positives, on en a besoin. Si je supporte aussi bien (voire apprécie, osons le dire héhé) que les mecs fictifs s’en prennent plein la poire, quand bien même je me suis attaché à eux (parfois c’est même à cause de ça, nous le savons toustes !) c’est qu’il a été montré de multiples fois qu’ils pouvaient s’en sortir. Je suis alors loin de la fatigue désespérée, et parfois de la violence ressentie face à la représentation d’une femme sans défense. Les meufs s’en prennent plein la gueule, dans la réalité et dans la fiction. Je suis de celleux qui ont besoin d’espoir pour elles.

Conclusion

Alors, pour l’instant, on fera comme ça.

En dehors des femmes qui tiennent des rôles d’antagonistes, je continuerai à chercher l’espoir. J’écrirai des personnages féminins humains, parce que les femmes sont avant tout des gens. Parfois, j’écrirai leurs traumatismes, et comme toujours avec moi, ce sera sombre. J’écris toujours du drame, de l’horreur psychologique. Mais je n’ai jamais cherché la fascination morbide. J’ai écrit Les Hurlements noyés comme un exutoire et dans une volonté de montrer les conséquences des traumatismes. Les violences systémiques ne sont pas un spectacle.

Évidemment, en ce qui me concerne, le plus dur, c’est les violences sexuelles. Je sais que si j’écris des personnages féminins victimes de VSS, je me sentirai mal. Et je craindrai que les hommes n’érotisent ça. Si je traite ces violences à travers des victimes masculines, c’est aussi pour ça. Du rape and revenge, des femmes physiquement vulnérables et réduites à la soumission dans ce contexte… J’en ai bouffé, on en a bouffé. Consommer et écrire ça m’est devenu insupportable. Mais alors, ça contribue à me rapprocher encore des personnages masculins, non ? Oui. Je me rapproche de mes personnages féminins différemment, voilà tout.

Peut-être trouverai-je d’autres solutions dans le futur, d’autres moyens d’attachement et de rendre mes personnages féminins importants. En attendant, celle-ci, je la trouve belle, et j’espère que vous la trouverez belle aussi.

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“Salted Wound”, par Morphyne https://malonesilence.com/salted-wound-par-morphyne https://malonesilence.com/salted-wound-par-morphyne#respond Thu, 04 Aug 2022 07:35:20 +0000 https://malonesilence.com/?p=895 Je voulais vous parler de Salted Wound depuis longtemps. Le truc, c’est que je ne savais pas trop comment – en plus de procrastiner, mais c’est une autre affaire. Parce que, de base, Star Wars n’est pas mon fandom de prédilection. Ça ne m’empêche pas d’en lire des fanfictions, la […]

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Je voulais vous parler de Salted Wound depuis longtemps. Le truc, c’est que je ne savais pas trop comment – en plus de procrastiner, mais c’est une autre affaire. Parce que, de base, Star Wars n’est pas mon fandom de prédilection. Ça ne m’empêche pas d’en lire des fanfictions, la preuve ; pour me faire un avis par rapport à l’univers de base, c’est plus complexe. Mais est-ce qu’il faut vraiment mesurer la qualité d’une fanfiction à sa fidélité au canon ? Pour ma part, ma distance par rapport à Star Wars me permet de passer totalement outre. Reste que, tout de même, la manière dont les personnages sont exploités dans Salted Wound pourrait, il me semble, intéresser la fanbase, surtout sa branche la plus attachée à la dimension psychologique.

L’histoire commence avec un personnage dont je n’avais même pas entendu parler jusque-là. Il s’appelle Armitage Hux et il couche avec une femme du nom de Raene Inkari. Pas question de sentiments ici ; du moins, il s’en protège. Bref, un homme tourmenté, lacéré de failles narcissiques et, il faut le dire, une personne très peu recommandable. Salted Wound nous fait contempler un personnage et un couple dysfonctionnels dans ce qu’ils ont de meilleur et de pire. Surtout de pire, à vrai dire. L’autrice le dit elle-même :

J’aime écrire sur les méchants, les bizarres, les tordus et les dépressifs, ceux que personne n’aime. Soulever le pansement pour voir la plaie, et appuyer là où ça fait mal. […] Je voue un amour tout particulier aux romances sordides, de celles qui font froncer les sourcils. Plus c’est mal, plus c’est intéressant. Ça vaut tant pour mes lectures que pour mes textes, d’ailleurs.

Scribay

Salted Wound peut-elle être qualifiée de dark romance ? En tout cas, du peu que je sais du genre, ça me paraît approprié. Il faut toutefois souligner ici que, s’il est question de relation tout sauf saine, Morphyne traite très bien le sujet. Il s’agit d’explorer ses rouages, non de romantisation à vous faire lever les yeux au ciel. Comme on avait pu le remarquer avec BEINHAUS : quand on sait s’y prendre, on peut tout faire. (D’ailleurs, les auteurices de La Valse du Chaos ont dernièrement qualifié leur roman de dark romance et… Oui, ma foi oui.)

Déjà, ce qui frappe au premier abord, c’est que c’est très bien écrit. Le style de Morphyne est de ceux qui ont une saveur particulière. J’ai dû me retenir de vous citer des passages entiers de la fanfic pour des raisons évidentes de lisibilité, mais… Bon, quand même, le premier paragraphe, pour vous donner envie :

Il n’a jamais vu son visage après l’amour. Il se contente de rester allongé sur le dos, les mains souvent croisées derrière la nuque, face à l’immensité du ciel qui s’étend devait lui. Il a trop peur d’être, s’il tourne la tête, ébloui comme si les millions d’étoiles au-dessus d’eux se mettaient à exploser en même temps. Il attend toujours qu’elle finisse par se redresser pour enfiler ses vêtements, parce que le mouvement brise la magie de l’instant. Elle est toujours aussi belle, bien sûr, mais il a moins peur de tomber amoureux. Il connaît chaque partie de son corps, chaque grain de beauté, chaque imperfection, bien que ces dernières soient rares. Mais il n’a jamais vu son visage après l’amour.

Salted Wound, Chapitre 1

Le regard d’Armitage sexualise autant Raene qu’il l’idéalise, mais rassurez-vous, on aura également droit au point de vue de la jeune femme au cours du récit. Cependant le personnage principal reste Armitage, et on voit avec quel amour de fan et de créatrice elle le traite. On peut toutefois regretter que le destin de Raene serve avant tout celui d’Armitage et qu’elle n’ait pas complètement son propre arc narratif en dehors des hommes, même si l’on comprend où l’autrice veut en venir. Salted Wound est l’histoire d’Armitage davantage que celle de Raene, et les intrigues de “cour”, si l’on peut dire, prennent une très grande place dans leurs vies. De même que leur couple qui n’en est pas vraiment un, ou peut-être que si. Et puis, le récit est court.^^

Une relation dysfonctionnelle, donc, entre deux personnes qui ne se font pas confiance, qui s’affrontent sans cesse, qui parfois font preuve de violence psychologique ou physique. Ce qui les a menées là est, comme il se doit, décortiqué : leur passé, leurs blessures, bref c’est du psychologique sombre, vous voyez à peu près à quoi vous attendre. Salted Wound est l’histoire de deux privilégiæs, chacun-e à son niveau, qui n’aiment leur vie que quand iels sont ensemble. Iels s’aiment autant qu’iels se méprisent et se méprisent elleux-mêmes. Leur relation paraît souvent n’être qu’un moyen pour elleux ; un moyen de se rassurer, de se libérer ; des rapports purement utilitaires où chacun-e pense avant tout à son propre intérêt. D’autres fois, iels semblent, à leur manière, tenir l’une à l’autre. C’est une relation, en réalité, tristement compliquée et réaliste.

La violence imprègne le roman du début à la fin. Une violence désespérée. En plus des relations amoureuses toxiques, il sera question du poids de l’héritage familial, de famille abusive, de culte de la performance, d’autosabotage, de ce que les attentes d’autrui peuvent pousser un être humain à faire d’horrible… La seule trace de douceur semble être la Générale Sloane, la supérieure et figure maternelle d’Armitage. La rencontrer dans Salted Wound nous donne une bonne bouffée d’air frais ! (Je m’interroge là aussi sur son traitement en tant que personnage féminin, mais je suis trop peu sûr de moi pour me prononcer.) En dehors de cette relation, Armitage Hux tente de se faire aimer par son père et, semble-t-il, détester le plus possible par ses subordonnés – se faire craindre, du moins. Grosse ambiance dans les hautes sphères de l’Empire !

Le but de Salted Wound est moins de nous attacher à ses personnages que, comme on le disait, de les observer. Ainsi Armitage Hux, par exemple, m’a souvent agacé ou mis en colère de par sa violence et son immaturité. Elles sont expliquées, bien sûr, et cela nous donne à voir les effets dévastateurs d’un certain cadre et des maltraitances parentales sur la psyché. Armitage est égoïste, pétri de masculinité toxique, replié sur lui-même, adepte du déni et globalement incapable de grandir. Il ignore totalement comment aimer sainement et se connaît très mal lui-même. L’idée de correspondre à ce que son père attend de lui l’obsède.

Raene, de son côté, semble un peu plus attentionnée malgré un certain égoïsme de son côté également. Produit du déséquilibre dans les relations hétéros autant que d’une éducation contraignante mais moins violente, je suppose. Elle vient ainsi en aide à Armitage à plusieurs reprises, tente de lui offrir du réconfort et se remet en question à rebours. Cette relation est tout à fait asymétrique – et, encore une fois, réaliste. C’est un schéma tellement courant…

Salted Wound vaut aussi pour son atmosphère, emplie d’une odeur de pluie et de rouille. Le monde qui se dévoile à la lecture semble plongé dans le noir, ou dans un extérieur gris et humide, sale. C’est un univers qui semble sans joie, malgré des événements parfois heureux, et que l’on déguste avec amertume. Cette ambiance sert le propos. Raene et Armitage représentent tout l’une pour l’autre. Leur environnement ne leur offre que peu d’autres joies. Et lorsque celles-ci se présentent, c’est par le biais de leur relation. Armitage semble, dès le premier chapitre, incapable de prendre part à des festivités si Raene ne l’y entraîne pas. Cela vient évidemment aussi de son mépris paradoxal pour autrui, qui l’isole encore davantage en lui-même.

Dans ces conditions, quand leur seul univers se limite à elleux deux, comment peuvent-iels construire un équilibre ? Pour de telles personnalités, la question se pose d’autant plus. Leur couple pourrait véritablement leur apporter du soutien s’iels ne passaient pas leur temps à se détruire faute de savoir se parler et s’écouter. Ajoutez à cela le fait qu’iels aient toustes deux peur pour leur rang, pour leur place dans la haute société et pour leur liberté, ce qui les pousse à refuser de concrétiser leur relation… En attendant, iels auraient besoin d’une bonne thérapie !

Salted Wound est un roman plutôt court. Morphyne développe cette tragédie tout en allant droit au but. On a, tout au long du récit, une tension très bien maîtrisée faisant de Salted Wound un vrai page-turner. Chacun des cinq chapitres est nommé d’après une des étapes classiques du deuil. Une histoire à ne pas mettre en toutes les mains, au vu des thèmes abordés, mais qui saura être cathartique pour qui la lira.

Et déprimante, peut-être. Nous sommes nombreuxes à rêver d’une relation qui comblera tous nos manques affectifs, qui guérira toutes nos blessures. On aimerait qu’il existe une personne capable de nous sauver. Et nous nous sentons si seul-es, à l’intérieur de nous. Alors nous nous accrochons à une relation, même néfaste, quand elle est un tant soit peu différente des autres. Quand on a l’impression d’enfin pouvoir être aimæ pour qui on est, on est prêt-e à accepter la violence, la souffrance. On pardonne si vite, malgré la douleur, quand on n’a qu’une seule personne.

Lire Salted Wound : Wattpad

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Avertissements de contenu pour LHN https://malonesilence.com/avertissements-contenu-lhn Mon, 18 Jul 2022 08:12:44 +0000 https://malonesilence.com/?p=981 L’évidence ne m’a frappé que trop tard, quand on m’en a très justement fait la remarque sur Twitter. Oui, j’ai conçu une liste d’avertissements de contenu pour Les Hurlements noyés, très détaillée d’ailleurs. Elle est présente dans l’ebook et dans le livre broché, OK, parfait. Mais je n’avais pas pensé […]

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L’évidence ne m’a frappé que trop tard, quand on m’en a très justement fait la remarque sur Twitter. Oui, j’ai conçu une liste d’avertissements de contenu pour Les Hurlements noyés, très détaillée d’ailleurs. Elle est présente dans l’ebook et dans le livre broché, OK, parfait. Mais je n’avais pas pensé à la publier en accès libre, et c’est une erreur que je ne ferai plus : le lectorat doit être prévenu avant achat de là où il met les pieds ! Bref, aujourd’hui je répare mon erreur et mets ici à disposition la table des CW/TW. N’hésitez pas à vous y référer si vous en ressentez le besoin.

Précision : Les Hurlements noyés est organisé en gros chapitres et en sous-chapitres, d’où les listes numérotées et le système “Chapitre X-X” 😀

Merci à Morphyne et Cerynie pour leurs pistes quant à l’organisation des avertissements de contenu ! Le système de LHN a plusieurs fois été salué ; le mérite leur en revient.

Table des avertissements par chapitre

CHAPITRE 1 : POUR NULLE PART

  1. anxiété, dépression, hospitalisation forcée, médicaments, phobie sociale, psychiatrie, tentative de suicide, transphobie, violences médicales.
  2. anxiété, crise d’angoisse, dépression, harcèlement téléphonique, idées suicidaires, mention de violences conjugales passées, shutdown autistique, relation toxique.
  3. anxiété, blessure, crise d’angoisse, envies de meurtre, hypervigilance, idées violentes, mention d’hospitalisation, phobie sociale
  4. blessure, crise d’angoisse, deuil, envies de meurtre, mort, suicide
  5. deuil, dépression, mention de scolarité, mort, psychophobie/contrôle de personne malade, spiritisme, suicide
  6. anxiété, crise d’angoisse, phobie sociale

CHAPITRE 2 : POUR L’EXTÉRIEUR

  1. deuil, hypervigilance, mention de self-harm, secte, tabagisme
  2. souffrance physique (épuisement)
  3. anxiété, dépersonnalisation, déréalisation, empoisonnement, idées suicidaires, médicaments, phobie sociale, spiritisme, vomissements
  4. angoisse, brûlure
  5. anxiété, déréalisation, mention d’accident/de risque d’accident de voiture, pensées intrusives, phobie sociale
  6. agoraphobie, amnésie traumatique, déréalisation, mention de harcèlement scolaire, mention de milieu sectaire, ochlophobie, phobie sociale, saignement, self-harm

CHAPITRE 3 : LIENS BARBELÉS

  1. deuil, emprise sur personne mentalement malade, harcèlement téléphonique, imagerie graphique, idées violentes, mention de tabagisme, mention de suicide, mention de violences conjugales, mention de violence éducative ordinaire, shutdown autistique
  2. automutilation (cicatrices), crise d’angoisse violente, harcèlement téléphonique, idées suicidaires (graphiques), meltdown autistique, mention d’hospitalisation forcée, mention de violences conjugales, pensées intrusives, propos transphobes, relation toxique, saignement, self-harm, traumatisme crânien, vomissements
  3. boulimie
  4. angoisse, cicatrices, flashbacks, mémoire traumatique, mention de violences sexuelles et de torture, milieu policier, milieu sectaire, nausée, pensées intrusives, scolarité (université), tabagisme
  5. crise d’angoisse, état de choc, hospitalisation, mention de tabagisme, psychophobie, relation d’emprise, victime-blaming
  6. amnésie, blessure, dépersonnalisation, mention de violences conjugales, sexisme ordinaire
  7. mention de médicaments, mention de milieu psychiatrique, pensées intrusives, relation abusive, violences conjugales
  8. idées suicidaires, mention de meurtre, mention de suicide, relation d’emprise
  9. amnésie, blessures, crise d’angoisse, dépersonnalisation, déréalisation, emprise matérielle, gaslighting, mention de violences conjugales, injures psychophobes, pensées invasives, relation de domination, traumatisme, violence (coups)
  10. état de choc, mention de violences conjugales, phobie sociale

PREMIER INTERLUDE

Self-harm, mention de maladies mentales, mention de suicide, tentative de suicide

CHAPITRE 4 : LUMIÈRE BLANCHE

  1. alcool, charge mentale, culture du viol, destruction d’un safe space antiraciste, génocide, imagerie graphique, mention d’inceste, mention d’ochlophobie, mention de racisme/sexisme/suprémacisme blanc, mention de traumatismes sexuels, milieu sectaire, pensées intrusives, white saviourism
  2. alcool (ébriété)
  3. alcool (ébriété), envies de meurtre, fantasmes génocidaires, milieu sectaire, racisme (et négation du racisme), white saviourism

CHAPITRE 5 : CERVEAUX HURLANTS

  1. hématomes, hospitalisation forcée
  2. blessure, contact physique non consenti, hôpital, mention de violences conjugales, self-harm
  3. angoisse, cicatrices, curiosité intrusive quant à la transidentité, hôpital, idées suicidaires
  4. agression sexuelle, crise d’angoisse, flashback explicite, gaslighting, harcèlement scolaire, homophobie, hôpital, mémoire traumatique, psychophobie, sidération, transphobie, victime-blaming, viol
  5. imagerie graphique, insulte psychophobe, kidnapping, milieu sectaire, mention de viol incestueux, mort (exécution), sang, séquestration, sidération, torture détaillée, victime-blaming

DEUXIÈME INTERLUDE

Amnésie, convulsions, flashback, imagerie graphique, mémoire traumatique, mort, psychiatrie, shutdown autistique, spiritisme, suicide

CHAPITRE 6 : LES DERNIÈRES NUITS

  1. alcool (ébriété), angoisse, charge mentale, déréalisation, mention d’hallucinations, mention de milieu sectaire, mention de relation toxique, mention de traumatismes
  2. anxiété, crise d’angoisse, darwinisme social, dépression, essentialisme, idées suicidaires violentes, mention de violence masculine, pensées intrusives, racisme, sidération, white feminism
  3. anxiété, chantage au suicide, dépression, idées suicidaires, mention de mort, mention de violence masculine
  4. victime-blaming
  5. attaque de chien, hypervigilance, kidnapping, mention de milieu sectaire, sidération, voyeurisme
  6. alcool (ébriété), charge mentale, mention de milieu policier, mention de traumatismes, sidération
  7. mention de racisme, white saviourism

CHAPITRE 7 : NOYADE

  1. claustrophobie, contact physique non consenti, dissociation, insectes, mention d’araignée, mention de mort d’animaux, mention de torture, secte, séquestration, sidération
  2. suicide
  3. dissociation, milieu sectaire, torture
  4. mention de génocide, mention d’infanticide, mention de tabagisme, milieu sectaire, pensées intrusives
  5. blessures, mention de dépression, torture
  6. anxiété, blessures, dissociation, médicaments, mention de meurtre, noyade, séquestration
  7. cadavre, darwinisme social, hôpital, meurtre, sang, self-harm, viol
  8. blessures, brûlure, darwinisme social, deuil, imagerie graphique, mention d’hôpital

TROISIÈME INTERLUDE

Mention d’alcoolisme

ÉPILOGUE

Blessures, dépression, deuil, hôpital, hypervigilance, insomnie, pensées intrusives, psychiatrie, stress post-traumatique

Table des avertissements de contenu par thème

Accident de voiture (risque) : Chapitre 2-3

Agoraphobie : Chapitre 2-6

Agression sexuelle : Chapitre 5-4

Alcool : Chapitre 4 (ébriété), Chapitre 6-1 (ébriété), Chapitre 6-6 (ébriété), Troisième interlude (mention d’alcoolisme)

Amnésie : Chapitre 2-6, Chapitre 3-6, Chapitre 3-9, Deuxième interlude

Angoisse : Chapitre 1 (crises), Chapitre 2-4, Chapitre 3-2 (crise), Chapitre 3-4, Chapitre 3-5 (crise), Chapitre 3-9 (crise), Chapitre 5-3, Chapitre 5-4 (crise), Chapitre 6-1, Chapitre 6-2 (crise)

Anxiété : Chapitre 1, Chapitre 2-3, Chapitre 2-5, Chapitre 6-2, Chapitre 6-3, Chapitre 7-6

Araignée : Chapitre 7-1 (mention)

Attaque de chien : Chapitre 6-5

Automutilation : Chapitre 3-2 (cicatrices)

Blessure : Chapitre 1-3, Chapitre 1-4, Chapitre 3-6, Chapitre 3-9, Chapitre 5-1, Chapitre 5-2, Chapitre 7, Épilogue

Boulimie : Chapitre 3-3

Brûlure : Chapitre 2-4,Chapitre 7-8

Cadavre : Chapitre 7-7

Charge mentale : Chapitre 4-1, Chapitre 6-1, Chapitre 6-6

Claustrophobie : Chapitre 7-1

Contact physique non consenti : Chapitre 5-2, Chapitre 7-1

Convulsions : Deuxième interlude

Darwinisme social : Chapitre 6-2, Chapitre 7-7, Chapitre 7-8

Dépersonnalisation : Chapitre 2-3, Chapitre 3-6, Chapitre 3-9

Dépression : Chapitre 1-1, Chapitre 1-2, Chapitre 1-5, Chapitre 6-2, Chapitre 6-3, Chapitre 7, Épilogue

Déréalisation : Chapitre 2-3, Chapitre 2-5, Chapitre 2-6, Chapitre 3-9, Chapitre 6-1

Deuil : Chapitre 1-4, Chapitre 1-5, Chapitre 2-1, Chapitre 3-1, Chapitre 7-8, Épilogue

Empoisonnement : Chapitre 2-3

Emprise : Chapitre 1-5 (médicale et psychologique), Chapitre 3 (matérielle et psychologique)

Épuisement physique : Chapitre 2-2

Essentialisme : Chapitre 6-2

État de choc : Chapitre 3-5, Chapitre 3-10

Exécution ritualisée : Chapitre 5-5

Flashbacks : Deuxième interlude, Chapitre 3-4, Chapitre 5-4 (explicite)

Gaslighting : Chapitre 3-9, Chapitre 5-4

Génocide : Chapitre 4-1, Chapitre 4-3 (fantasmes génocidaires), Chapitre 7-4 (mention)

Hallucinations : Chapitre 6-1 (mention)

Harcèlement : Chapitre 1-2 (téléphonique), Chapitre 2-6 (scolaire), Chapitre 3-1 (téléphonique), Chapitre 3-2 (téléphonique), Chapitre 5-4 (scolaire)

Homophobie : Chapitre 5-4

Hôpital : Chapitre 1-1, Chapitre 5, Chapitre 7-7, Chapitre 7-8 (mention), Épilogue

Hospitalisation : Chapitre 1-1 (forcée),Chapitre 1-3 (mention), Chapitre 2-2 (forcée), Chapitre 3-5, Chapitre 1-5 (forcée)

Hypervigilance : Chapitre 1-3, Chapitre 2-1, Chapitre 6-5, Épilogue

Idées noires : Chapitre 1-2 (suicidaires), Chapitre 1-3 (violentes), Chapitre 2-3 (suicidaires), Chapitre 3-1 (violentes), Chapitre 3-2 (suicidaires et explicites), Chapitre 3-8 (suicidaires), Chapitre 5-3 (suicidaires), Chapitre 6-2 (suicidaires et violentes), Chapitre 6-3 (suicidaires)

Imagerie gore/graphique : Chapitre 3-1, Chapitre 4-1, Chapitre 5-5, Deuxième interlude, Chapitre 7-8

Inceste : Chapitre 4-1 (mention), Chapitre 5-5 (mention de viol)

Infanticide : Chapitre 7-4 (mention)

Insectes : Chapitre 7-1

Insomnie : Épilogue

Kidnapping : Chapitre 5-5

Maladies mentales : Premier interlude (mention)

Médicaments : Chapitre 1-1, Chapitre 2-3, Chapitre 3-7 (mention), Chapitre 7-6

Meltdown autistique : Chapitre 3-2

Meurtre : Chapitre 4-3 (envies), Chapitre 7-6 (mention)

Milieu policier : Chapitre 3-4, Chapitre 6-6 (mention)

Mort : Chapitre 1-4 (suicide), Chapitre 1-5, Chapitre 5-5 (exécution), Deuxième interlude, Chapitre 6-3 (mention), Chapitre 7-1 (mention, animaux)

Nausée : Chapitre 3-4

Noyade : Chapitre 7-6

Ochlophobie : Chapitre 2-6, Chapitre 4-1 (mention)

Pensées intrusives : Chapitre 4-1, Chapitre 6-2, Chapitre 7-4, Épilogue

Phobie sociale : Chapitre 1, Chapitre 2-3, Chapitre 2-5, Chapitre 2-6, Chapitre 3-10

Psychiatrie : Chapitre 1-1, Chapitre 3-7 (mention), Deuxième interlude, Épilogue

Psychophobie : Chapitre 3-9, Chapitre 5-5

Racisme : Chapitre 4-1 (destruction d’un safe space), Chapitre 4-3, Chapitre 6-2, Chapitre 6-7 (mention)

Relation abusive/toxique : Chapitre 1-2, Chapitre 3-2, Chapitre 3-5, Chapitre 3-7, Chapitre 3-8, Chapitre 3-9, Chapitre 6-1 (mention)

Sang/saignement : Chapitre 2-6, Chapitre 4-5, Chapitre 7-7

Secte : Chapitre 3-4, Chapitre 4, Chapitre 5-5, Chapitre 6-1, Chapitre 6-5, Chapitre 7-1, Chapitre 7-3, Chapitre 7-4

Self-harm : Chapitre 2-1 (mention), Chapitre 2-6, Chapitre 3-2, Premier interlude, Chapitre 5-2, Chapitre 7-7

Sexisme : Chapitre 3-6, Chapitre 4-1

Séquestration : Chapitre 5-5, Chapitre 7-1, Chapitre 7-6

Shutdown autistique : Chapitre 1-2, Chapitre 3-1, Deuxième interlude

Sidération : Chapitre 5-4, Chapitre 5-5, Chapitre 6-2, Chapitre 6-5, Chapitre 6-6, Chapitre 7-1

Spiritisme (ouija) : Chapitre 1-5, Chapitre 2-3, Deuxième interlude

Suicide : Chapitre 1-1 (tentative), Chapitre 1-2 (pensées), Chapitre 1-4, Chapitre 1-5, Chapitre 2-3 (pensées), Chapitre 3-1 (mention), Chapitre 3-2 (pensées), Chapitre 3-8 (mention et pensées), Premier interlude (mention et tentative), Chapitre 5-3 (pensées), Deuxième interlude, Chapitre 6-2 (pensées violentes), Chapitre 6-3 (chantage et pensées), Chapitre 7-2

Tabagisme : Chapitre 2-1, Chapitre 3-1 (mention), Chapitre 3-4, Chapitre 3-5 (mention), Chapitre 7-4 (mention)

Transphobie : Chapitre 1-1 (milieu médical), Chapitre 3-2 (propos), Chapitre 5-4 (viol)

Traumatisme : Chapitre 2-6 (amnésie), Chapitre 3-2 (traumatisme crânien), Chapitre 3-4 (mémoire traumatique), Chapitre 3-9, Chapitre 4-1 (mention de traumatismes sexuels), Chapitre 5-4 (mémoire traumatique), Deuxième interlude, Chapitre 6-1 (mention), Chapitre 6-6, Épilogue (stress post-traumatique)

Torture : Chapitre 3-4 (mentions), Chapitre 5-5 (explicite), Chapitre 7-1 (mention), Chapitre 7-3, Chapitre 7-5

Victime-blaming : Chapitre 3-5, Chapitre 5-4, Chapitre 5-5, Chapitre 6-4

Viol : Chapitre 4-1 (culture du viol), Chapitre 5-4 (viol transphobe), Chapitre 5-5 (inceste), Chapitre 7-7

Violences : Chapitre 1-1 (médicales), Chapitre 1-2 (mention de violences conjugales), Chapitre 3 (coups, violences conjugales et mention de violence éducative), Chapitre 5-2 (mention de violences conjugales), Chapitre 6-2 (mention de violence masculine), Chapitre 6-3 (mention de violence masculine)

Vomissements : Chapitre 2-3, Chapitre 3-2

Voyeurisme : Chapitre 6-5

White feminism : Chapitre 6-2

White saviourism : Chapitre 4-1, Chapitre 4-3, Chapitre 6-7

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“Les Pleurs du Vide” : chronique d’une écriture chaotique https://malonesilence.com/les-pleurs-du-vide-chronique-dune-ecriture-chaotique https://malonesilence.com/les-pleurs-du-vide-chronique-dune-ecriture-chaotique#comments Mon, 16 May 2022 14:16:35 +0000 https://malonesilence.com/?p=917 Peut-être est-ce le premier article d’une série. Ou peut-être en écrirai-je seulement un deuxième, quand l’écriture de Les Pleurs du Vide sera finie. Je ne sais même pas s’il aura un quelconque intérêt pour d’autres personnes que moi. J’essaie de mettre un peu d’ordre dans ma tête, ou de me […]

L’article “Les Pleurs du Vide” : chronique d’une écriture chaotique est apparu en premier sur Malone Silence.

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Peut-être est-ce le premier article d’une série. Ou peut-être en écrirai-je seulement un deuxième, quand l’écriture de Les Pleurs du Vide sera finie. Je ne sais même pas s’il aura un quelconque intérêt pour d’autres personnes que moi. J’essaie de mettre un peu d’ordre dans ma tête, ou de me prouver que j’avance malgré tout, malgré l’irrégularité. Pas que l’écriture de Les Pleurs du Vide soit plus difficile que celle de Les Hurlements Noyés. Disons qu’elle l’est d’une autre manière, tout comme le plaisir en est différent.

J’ai décidé d’intégrer quelques-uns de mes tweets à cet article. Après tout, ils parlent d’eux-mêmes – et puis c’est drôle.

Vraiment l’écriture de #LesPleursDuVide c’est les montagnes russes constantes finalement^^
Enfin c’est un peu pareil pour tous mes projets, un coup je stresse, un coup c’est l’éclate, un coup c’est les deux à la fois… Dites-moi si vous en avez marre 😆

(@MaloneSilence) April 15, 2022

Ah et ptn la version antérieure de LPdV était super chaotique mais j’ai gardé des chapitres parce qu’ils sont bien comme ça, MAIS du coup ça me pousse à écrire dans les “trous” entre les chapitres préexistants

(@MaloneSilence) April 16, 2022

(Ça, j’en avais parlé dans l’article linké ci-dessus ! J’ai même cru devoir déplacer des chapitres. Ce sera peut-être le cas, mais pas pour le moment. Par contre, les chapitres en cours se rallongent. Pas grave.)

Mais vraiment écrire un tome 2 dans une trilogie quel enfer quand t’es auteur jardinier ^^ Vraiment après les trois tomes de “Stanley n’est pas mort” je risque de faire des one-shots quelque temps – d’ailleurs pour le moment mes spin-off sont tous des OS

(@MaloneSilence) April 16, 2022

(Je vous rassure, j’aime toujours autant ce que je fais. Mais sur l’écriture de Les Pleurs du Vide, j’ai parfois besoin de quelques craquages !)

Commençons par le début.

En septembre dernier, je terminais l’écriture de LHN. Et puis, le sentiment de vide, et l’envie de continuer, et la peur d’avancer. Si vous êtes auteurice, il y a des chances que vous voyiez de quoi je parle. Et puis, quand même, j’ai passé dix ans sur LHN. C’est beaucoup. J’ai eu ce but pendant dix ans. Alors, même en sachant que l’écriture de Les Pleurs du Vide m’attendait, j’avais l’impression de ne plus avoir de but du tout. La campagne Ulule de LHN était derrière moi, avec ce rush intensif qui m’avait laissé sur les rotules. Après ça, je me sentais presque désœuvré. Il y avait bien les ventes de LHN à assurer derrière, et sur le long terme. Ce qui est bien différent, surtout quand on débute.

Puis la pression, pour faire un tome 2 aussi bon que le 1 – si j’en crois vos retours sur Babelio ou Goodreads, Les Hurlements noyés vous a plu en tout cas ! Bref, la pression, et la fatigue. En ce moment, je suis tout le temps fatigué, et écrire fatigué, j’ai un peu de mal. Et quand je ne suis pas fatigué…

Eh bien, je ne sais pas, écoutez.

J’ai déjà fait part, dans l’article sur la fin de LHN (toujours linké plus haut), de mes doutes quant à l’écriture de Les Pleurs du Vide. Si j’étais capable de continuer alors que j’allais mieux, ce genre de choses. Finalement, j’ai traversé un épisode compliqué début 2022, alors j’imagine que la question ne se pose plus ? Je suppose, oui. Puisque je suis arrivé à la conclusion que dans un fort état d’anxiété, je ne pouvais pas être très productif de toute manière !

En réalité, je n’en sais rien. Je sais juste que je n’allais pas bien, et que je n’ai presque pas écrit durant cette période. Pas sur Les Pleurs du Vide, en tout cas.

J’ai “extériorisé des trucs avec Lucien”, comme je disais. Puis Archie et Tag ont commencé à s’agiter dans ma tête. Du coup j’ai écrit sur eux, ça me faisait du bien.

Du coup voilà j’ai passé mon trajet en train à écrire sur Archie et Tag qui partent en vacances – finalement c’est accurate

(@MaloneSilence) March 28, 2022

Et comme d’habitude, ça a pris de drôles de proportions.

J’avais pas prévu d’écrire de romance/d’histoire d’amour magnifique qui transcende le temps et l’univers, en partie parce que je crois moyennement à ça, mais avec Archie et Tag ça devient de plus en plus compliqué de pas le faire, du coup je vais sans doute le faire

(@MaloneSilence) March 27, 2022

Sachant qu’à la base, je devais juste parler d’Archie et Tag dans le roman de Lucien. Je ne m’imaginais pas du tout écrire un spin-off dont la romance serait la trame principale. Du coup, je pensais juste que Lucian, comme ce roman s’appelait à ce moment-là, aurait juste deux intrigues liées entre elles. Ça se fait, hein, ça se fait ! (EDIT : Je pense qu’on suivra toujours les deux parcours, celui de Lucien et celui d’Archie et Tag, dans le même roman. Ils restent liés, malgré tout, de façon très étroite. Les dissocier n’aurait pas tellement de sens, je crois. On s’en tiendra donc à ce que je disais dans le tweet ci-dessous !)

je vais probablement laisser le récit de l’histoire d’Archie et Tag dans le roman de Lucien, comme les deux histoires sont très liées – et changer le titre, du coup, vu que ce n’est plus seulement l’histoire de Lu. Bref ce roman continue de grossir. 👀

(@MaloneSilence) April 9, 2022

Tout a explosé, comme il se doit au Kraken je suppose. L’histoire Archie/Tag est devenu un truc gigantesque, alors que leur relation devenait de plus en plus importante pour moi. Archie David, c’est à la fois mon comfort character et un moyen inestimable d’extérioriser des choses dont je ne soupçonnais même pas qu’elles devaient l’être. Du coup, lui aussi a commencé à prendre toute la place. Alors que monsieur n’est censé apparaître qu’au troisième tome de la trilogie. Je ne pouvais pas reprendre l’écriture de Les Pleurs du Vide, pas tout de suite. C’est comme ça que je fonctionne, pour le meilleur comme pour le pire : si un personnage et son histoire m’appellent, je dois m’y consacrer. Si vous me suivez sur Twitter, vous avez vu le résultat :

J’ai bien peur qu’Archie ne me lâche pas tant que j’aurai pas fini d’écrire le premier chapitre du tome 3 avec tous les sous-chapitres, mais écoutez si après jpeux écrire #LesPleursDuVide l’esprit disponible^^

(@MaloneSilence) April 10, 2022

(Oui, Archie apparaît dès le premier chapitre du tome 3. Il lui est consacré tout entier ! Les autres persos, ceux que vous connaissez, reviennent ensuite, au chapitre 2… J’imagine ?)

Je suis retourné sur une nouvelle que j’avais commencé, une préquelle sur mon comfort character aka Archie (qui est surpris) et je suis à deux doigts de l’inclure dans les premiers chapitres du tome 3 (qui est surpris²)

(@MaloneSilence) April 10, 2022

(Je parle de RATURE. Elle sera publiée sur ce site après Wattpad !)

Il est pas mal l’incipit de mon tome 3 en vrai
Bon tu sens quand même le moment où je me lâche enfin et où ça devient bon ^^

(@MaloneSilence) April 9, 2022

Bon, c’était un peu le calme avant la tempête, finalement.

Je vous jure dans ma tête c’est le bordel donc on va prendre les choses dans l’ordre MAIS QUEL ORDRE OMG
Je sais juste que je dois finir le chapitre 1 du tome 3 et RATURES parce que sinon j’aurai pas l’esprit libre avec Archie qui court partout là

(@MaloneSilence) April 11, 2022

J’étais censé avancer sur l’écriture de LPdV pendant le CampNaNo. Censé ! Mais je me suis dit que, quelque part, écrire sur Archie, c’était aussi avancer. C’était me libérer l’esprit. C’était y voir plus clair pour la suite. Bref, c’était bien aussi.

Bref.
J’ai plutôt écrit sur les trucs dont je dois libérer ma tête que sur #LesPleursDuVide, mais sans ça j’ai du mal à écrire LPdV, donc… ces mots écrits me permettent à terme d’avancer sur LPdV, vous voyez ?^^

(@MaloneSilence) April 15, 2022

En bonus, j’ai même trouvé des réponses aux questions que je me posais pour ce tome 2. Parce qu’elles auraient des conséquences sur le 3, eh oui. Logique. Tome 3 pour lequel j’ai dû rebooter quelques trucs, déjà, notamment la relation Archie/Mélodie – j’en parle juste ici, dans un thread qui a plutôt intéressé, finalement. Bref, j’ai avancé, j’ai progressé, j’ai trouvé.

N’empêche que devoir reprendre/reboot des éléments de mon univers me fait plaisir, ça veut dire qu’il continue d’évoluer, de grandir, que je trouve des réponses et que mine de rien je bosse bien^^

(@MaloneSilence) April 21, 2022

Bref y’a eu un gros kaboom dans mon univers encore – mais au moins les deux premiers tomes de #StanleyNEstPasMort sont épargnés (non, pas le troisième, vu que Mélodie était censée y être) (mais je peux faire un truc sympa)

(@MaloneSilence) April 21, 2022

La bonne nouvelle du jour, c’est que j’ai trouvé comment ça allait se passer avec Allison dans le tome 3. ça va pas en se simplifiant cette trilogie, c’est moi qui vous le dis^^

(@MaloneSilence) May 8, 2022

Ces temps-ci, Archie et Tag se calment un peu. Excepté le soir, alors que j’essaie de m’endormir. C’est souvent eux qui m’accompagnent dans le sommeil, pour tout un tas de raisons. Enfin je crois. Quoi qu’il en soit, après avoir passé du temps avec eux et un après-midi dehors pour reprendre l’écriture de Les Pleurs du Vide, j’ai pu recommencer à avancer. J’ai retrouvé des idées. Les personnages sont revenus me parler – dont Stanley, qui commençait à me manquer sérieusement.

Le fait qu’écrire autre chose que ton projet principal décuple le plaisir que tu as à y retourner me réjouit plutôt

(@MaloneSilence) April 5, 2022

Aujourd’hui j’ai dû commencer à écrire mon chapitre à la main pour me débloquer. Je me suis dit que comme ça, si je partais sur un autre support, en mode yolo, dans mon carnet un peu défoncé, ça allait me libérer l’esprit.
Bah c’est validé. 👍

(@MaloneSilence) April 8, 2022

Quelque chose d’autre m’a aidé : reprendre conscience que je me surmenais un peu et que l’écriture, c’était aussi les moments off pour que l’inspiration revienne. A force de me mettre la pression, j’avais fini par me mettre la tête dans le guidon, vous voyez.

L’écriture c’est aussi ces sas de décompression, ces moments d’observation de ce qui nous entoure, c’est vivre tout simplement. Je sais que j’enfonce une porte ouverte, mais eh, on l’oublie souvent. Si je suis rentré gonflé à bloc de mes vacances – et avec encore plus de bordel dans ma tête, mais du bon bordel, de l’inspiration en veux-tu en voilà – c’est pas pour rien.

Mais l’inspi était déjà un peu revenue avant – grâce aux artistes de l’Internet, à la musique, et quand j’ai écrit en extérieur. Quand tu habites à la campagne et que ton histoire se passe en grande partie dans une forêt, ça peut être une bonne idée. En tout cas, pour moi, ça a marché et ça marche encore. Ça réussit plutôt à mes personnages, aussi, visiblement !

Revenir sur #LesPleursDiVide pour constater que mon scénario a encore explosé et que tout ne se passe pas comme prévu, bah écoutez allons-y
En attendant j’ai repris LPdV, on est contents !

(@MaloneSilence) April 15, 2022

(Oui, j’ai fait une faute de frappe dans le #. Ça va, hein !)

Donc maintenant c’est Scarlet qui défonce mon scénario OK très bien bah je vais faire une sieste et on reprend plus tard #LesPleursDuVide

(@MaloneSilence) April 16, 2022

Scarlet, tu m’as surpris. Chuck aussi m’a surpris, par son évolution. Je ne m’attendais pas spécialement à ça – je ne m’attendais peut-être à rien, en fin de compte. Disons que l’évolution de ces personnages est logique en soi (je leur fais confiance, de toute façon ; mes univers, c’est un truc plus gros que moi) mais… Écoutez, ça ajoute de la nouveauté. J’aime être surpris par ce que j’écris, et je suppose que dans ce cas, si vous lisez la série, vous le serez aussi. J’espère !

Avec LPdV, j’expérimente pas mal, souvent encouragé par mes potes. Il se passe pas mal de trucs assez dingues dans ce tome-là, c’est l’occasion de s’amuser un peu : body horror, visions étranges et oniriques, écriture glitchée aussi !

Faire de l’analog horror à l’écrit ptn 🥴
Hope it’s worth the risk

(@MaloneSilence) April 8, 2022

(Eclatez-vous en écrivant, amusez-vous, inventez, prenez des idées partout et remaniez-les à votre sauce, vraiment faites tout ce que vous voulez !)

Bref, où va-t-on, avec cet article super fouillis ?

J’ai établi un objectif sur le site du NaNoWriMo : terminer l’écriture des Pleurs du Vide avant juillet 2022. J’ai estimé le nombre de mots restant à écrire à 50 000. Si le compte est bon ? Je doute, encore. Je m’estime à la moitié du boulot avec mes 63k, à peu près. Ou un peu plus, ou un peu moins. C’est à la louche, et ça me permet déjà de savoir où j’en suis. Pour l’instant, j’ai écrit 3 200 mots depuis le 4 mai, ce qui est peu, encore. Mes statistiques me narguent – tant pis. Tant pis si, pour cette seconde version de LPdV, je suis moins régulier. Je suis peu régulier, oui, mais j’ai tendance à écrire pas mal d’un coup. C’est une façon comme une autre d’y arriver.

Nonobstant, j’accepte les propositions de participations aux sprints d’écriture/wordwars ! C’est ce qu’on fait entre camarades d’écriture, notamment entre ami-es proches, et ça fonctionne plutôt bien. Pour nous, en tout cas.

Donc voilà, l’écriture de Les Pleurs du Vide, ça avance, lentement mais très sûrement ! Peut-être aurez-vous trouvé, dans cet article, quelques idées pour vous sortir d’un blocage, ou un peu de motivation.

Avant-dernière astuce pour la route, piquée à d’autres auteurices parce qu’elle m’a aidée – Stephen King notamment fait ça dans pas mal de ses romans :

Vraiment le fait d’organiser les tomes de “Stanley n’est pas mort” en gros chapitres et en petits sous-chapitres, ça m’a aidé/aide énormément. Chaque gros chapitre a un début et une fin, forme un tout cohérent, et du coup je peux passer au suivant sans plus m’en occuper

(@MaloneSilence) April 18, 2022

Ouaip, avant-dernière, parce que le mot de la fin, ce sera celui-là :

Allez Malone arrête d’avoir peur de finir des trucs ça suffit là

(@MaloneSilence) April 15, 2022

N’ayez pas peur de vous tromper, les gens. En écriture, ça libère à un point que vous n’imaginez pas.

Bonus pour les curieuxes :

Mon compte Instagram, pour les stories d’œuvres d’art inspirantes pour mes écrits.

La liste Twitter de LHN et celle de LPdV. Y sont répertoriæs les artistes qui me font penser très fort à mon univers et/ou m’inspirent. J’en ajoute quand j’en trouve de nouvelleaux.

Vous pouvez m’ajouter sur Pinterest si le cœur vous en dit.

Et bien évidemment, la playlist de l’écriture des Pleurs du Vide.

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“BEINHAUS”, par SaintGris https://malonesilence.com/beinhaus-par-saintgris https://malonesilence.com/beinhaus-par-saintgris#comments Tue, 03 May 2022 11:41:39 +0000 https://malonesilence.com/?p=861 J’avais dit, en début d’année, que j’ignorais si continuais à chroniquer mes lectures. Parce que mon avis vaut ce qu’il vaut, parce que je doute encore de son intérêt et de l’intérêt de ces articles… Mais écoutez, quand faut y aller, faut y aller. Traduction : quand on trouve une […]

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J’avais dit, en début d’année, que j’ignorais si continuais à chroniquer mes lectures. Parce que mon avis vaut ce qu’il vaut, parce que je doute encore de son intérêt et de l’intérêt de ces articles… Mais écoutez, quand faut y aller, faut y aller. Traduction : quand on trouve une pépite, on se doit de la montrer au monde – ou du moins, il serait dommage de ne pas le faire. Et puis, j’avais envie de parler de BEINHAUS, comme de toutes les histoires que j’aime beaucoup. Bref, les chroniques reviennent ; elles sont là, si ça vous dit !

BEINHAUS, c’est l’histoire d’un institut nazi paumé en pleine Forêt Noire, aux spécialités un peu obscures. Le SS et chirurgien von Falkenstein débarque là-dedans sans la moindre envie d’être là, au milieu de ces chercheureuses (oui, une psychiatre, nommée Nina, est présente sur les lieux) dont il se moque volontiers – quand il ne les harcèle pas purement et simplement. C’est lorsque le lieutenant Jensen arrive avec une cargaison de cadavres en putréfaction à autopsier que l’histoire bascule dans l’horrifique, pour notre plus grand plaisir… quoique.

Que voulez-vous, nous sommes en Allemagne, un an avant la Seconde Guerre mondiale, et l’autrice ne fait aucune concession. L’horreur est là bien avant le surnaturel. Ce dernier, en comparaison, nous semble une bouffée d’air frais, l’échappatoire temporaire à la violence du réel. On parle de guerre évidemment, d’idéologie rance, d’égoïsme crasse, de lâcheté, de violences sexistes, de relations malsaines, de pédophilie aussi…

J’ai failli écrire que l’ambiance n’était pas à la rigolade, mais c’est faux, puisqu’au milieu de tout ça, SaintGris parsème BEINHAUS de traits d’humour caustique, parfois absurde. Cet humour désespéré et piquant réussit à la fois à nous faire prendre du recul et à nous plonger dans une espèce d’hébétude. BEINHAUS est un cauchemar absurde, une farce glauque. L’humour est atroce, mais jamais mal placé. Il est glacial, “négatif”, seul moyen de tenir le coup dans un contexte aussi horrible, et élément central d’une critique acerbe. SaintGris réussit ici avec brio un exercice difficile et particulièrement casse-gueule.

Le personnage le plus drôle, von Falkenstein, est d’ailleurs le plus ignoble. Vous croyez pouvoir trouver des éléments en sa faveur au fil de la lecture, l’humour mis à part ? Raté. Raté, sur toute la ligne. Le personnage est bien construit, nuancé, complexe, bref tout ce que vous pouvez attendre d’un personnage humain en fiction, et pourtant… C’est bien pour ça que von Falkenstein est réussi, finalement. Page après page, il nous apparaît dans toute son horreur, aussi visqueux que les monstres qu’on découvre avec lui. Eh oui, le personnage principal, c’est lui. C’est lui que nous suivrons du début à la fin de BEINHAUS.

Et étrangement… ça soulage.

La lecture est dure, vous vous en doutez. Mais paradoxalement, les chapitres du point de vue de von Falkenstein sont (pour moi, en tout cas) les plus reposants. Tant qu’on est dans sa tête à lui, on reste à distance du mal qu’il cause aux autres. Ce qui pose des questions intéressantes, pas forcément agréables, mais importantes. On partage même une connivence un peu dérangeante avec lui quand il ironise sur l’organisation de l’institut et son incompétence. Il faut dire qu’on peut difficilement être en désaccord avec lui sur ce point…

Parce que globalement, on a affaire à une jolie équipe de bras cassés. Bon, soyons juste, tout de même : on a quelques fulgurances de bon sens, de temps en temps. Mais ajoutez à cela un sens des priorités discutable (bonjour Viktor), un opportunisme à faire verdir Manuel Valls (coucou Bruno), une mollesse généralisée (salut Jensen) et globalement pas mal d’égoïsme, et vous vous demanderez comment tout ce petit monde peut travailler ensemble.

Ce n’est pas pour autant qu’on ne comprend pas leurs raisons. Sans être excusable, chaque personnage agit selon sa logique, son vécu, ses ressentis. Et ça aussi, c’est important : on ne perd pas de vue que ces choses horribles sont faites par des humain-es, et inversement que ce sont bien des humain-es qui les font, ce qui ne les rend pas moins condamnables. Les monstres sont humains, et le nier, c’est se délester de la responsabilité de ses actes. C’est croire que le moindre soupçon de morale nous absout automatiquement, même si on laisse le mal gagner. Un mal affreusement banal. Et si les circonstances avaient été différentes…

Je pense notamment au lieutenant Jensen. Certes, j’ai pu m’attacher à lui parce qu’il fait partie des “moins pires”. On s’accroche à ce que l’on peut. Et Jensen aurait pu être quelqu’un de bien. Tout le long, j’ai oscillé entre compassion et envie de le secouer comme un prunier, de lui dire d’agir, de faire quelque chose, n’importe quoi. Son semblant de morale et sa passivité couplæs me donnent envie de péter un plomb. Il se contentera de noyer sa lucidité et sa tristesse dans l’alcool, tout seul, et d’exécuter les ordres le reste du temps. C’est donc à ce type que je me suis attaché ? Eh ben.

Je vous laisserai apprécier vous-même les autres personnages de BEINHAUS. Mais globalement, on part, pour tous, du même postulat : les choses auraient pu être différentes. Dans tous les cas, chaque protagoniste apporte quelque chose à cette histoire-fleuve. L’histoire est plutôt à leur service que le contraire, et c’est le genre de configuration où je me retrouve le plus (en tant que lecteur comme en tant qu’auteur d’ailleurs !).

L’écriture sèche de SaintGris rend une ambiance poisseuse, aussi froide que l’hiver. Quand bien même l’histoire se déroule sur un intervalle de temps long, voyant passer différentes saisons, on se sent toujours en hiver. C’est d’ailleurs la saison la plus décrite, de ce que j’ai pu lire. Les autres sont plus ou moins passées sous silence, si ce n’est pour créer un décalage avec l’horreur. Je pense notamment aux premières scènes de guerre de BEINHAUS. Ou plutôt, les scènes de soins aux blessés sur le front. Ces passages sont purement cauchemardesques.

Cette écriture et cette ambiance achèvent de durcir ce roman, projet qui hante l’autrice depuis des années et avec lequel elle m’a dit entretenir un rapport assez compliqué. Tout est violent, étouffant, si bien que je dois souvent attendre d’être prêt pour entamer la lecture d’un chapitre. BEINHAUS nous en met plein la gueule, vous vous en doutez.

Mais j’aime, et je continue l’aventure. Parce que les personnages m’intéressent et que je me soucie d’eux, malgré tous leurs défauts. Pour l’ambiance et le style qui prouvent qu’on peut faire bien en restant simple, ce que je trouve toujours fort. Parce que j’ai été happé. Par une forme de fascination morbide, et par amour du fantastico-horrifique quand il est là. Pour apprendre des trucs, aussi – SaintGris est diplômée en Histoire, domaine qui la passionne toujours aujourd’hui. Et aussi dans l’espoir de voir surgir des rédemptions ou des retours de bâton. Ceux-ci surviennent de temps en temps, sans jamais être définitifs, mais c’est déjà ça. On s’accroche, envers et contre tout, même si on se doute de la façon dont tout va se terminer.

(Tout comme le personnage d’Ania s’accroche à la moindre trace d’humanité dans le sens positif du terme. Ce dont vont profiter ses abuseurs…)

BEINHAUS est l’un des écrits les plus sombres et cathartiques que j’aie pu lire. Les thèmes sont durs, les relations entre les personnages sentent le vomi, et tout ça est remarquablement bien traité, jamais romantisé. Le roman est à mon avis un joli pied-de-nez à celleux qui croient qu’on ne peut pas descendre bas dans les ténèbres sans véhiculer des idéologies nauséabondes. Il n’y a pas moins “aseptisé” (mdr ce terme) que BEINHAUS ; c’est juste du travail imaginatif, créatif, rigoureux et bien fait. Et instructif, en plus ; en tant qu’auteur, ce roman m’a appris et rappelé pas mal de choses libératrices.

A noter que SaintGris a un rapport très décomplexé à l’écriture, tout comme @MilkshakeCerise, l’autrice de L’Envol du Corbeau. Quand on vous dit que lorsqu’on se lâche, on peut faire des merveilles ! Des merveilles bien empoisonnées, en l’occurrence…

Il est compréhensible que face aux côtés très glauques de BEINHAUS, tout le monde n’ose pas tenter l’expérience. Expérience inoubliable s’il en est, et que je vous conseille donc quand vous aurez bien attaché votre ceinture. Et si vous préférez découvrir SaintGris par un écrit peut-être moins hard, je ne peux que vous recommander Frigor Mortis avant BEINHAUS !

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Photo by Joyce McCown on Unsplash

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