Il est possible que le nom de famille de Noah soit Peterson. Il ne peut pas en être certain. Sa mémoire est presque vierge, comme s’il était né ici et maintenant. Ici, dans cette chambre d’hôpital qu’il partage avec Stanley, l’homme qu’il va aimer.

C’est donc au début des Pleurs du Vide qu’on fait connaissance avec Noah. Et c’est en commençant l’écriture de ce deuxième tome que je l’ai connu moi-même. Il ne vient pas des Hurlements noyés, ni du peu que j’avais prévu pour la trilogie dans son ensemble. Noah s’est imposé de lui-même, comme beaucoup de mes personnages. Et surtout, il s’est imposé de l’extérieur.

Comme tout, non ? Oui, mais d’une autre manière. Noah est un apport de l’extérieur pour apporter de la lumière à l’intérieur, littéralement.

I) Naissance de Noah : le vertige du RP

J’ai déjà parlé création collective sur ce blog, et du fait que certains personnages s’étaient rencontrés en RP. Ceux des autres, et les miens. Certains d’entre eux se sont liés très étroitement.

J’ai peu joué avec Stanley, en RP. Il a toujours été assez difficile de le faire. Stanley n’ose pas trop s’exprimer hors de sa propre histoire. Et puis, ça me faisait trop l’effet de me promener en public les tripes à l’air.

Mais ! Il a rencontré du monde. Et, parfois, du très beau monde. Dans cet univers parallèle, il est tombé amoureux deux fois, de personnages plutôt réconfortants. A chaque fois, je me suis trouvé, disons, un peu trop investi. C’est comme tout avec mes personnages, c’est quelque chose que beaucoup d’auteurices partagent, tout ça tout ça.

Bon, c’est un peu embarrassant, quand même. De raconter que quand ton personnage tombe amoureux, tu tombes un peu amoureuxe toi aussi. Qui a aimé cet être fictif en premier, d’ailleurs ?

Inutile de le préciser, mais précisons-le quand même : c’était l’époque où ça n’allait pas fort. Dans mon isolement, je trouvais du réconfort dans la présence de personnages créés par d’autres, avec qui j’interagissais. Sain ou pas, simple immersion ou autre chose, je ne sais toujours pas : l’important, c’est que ça m’a aidé. Et que ça m’a fait réfléchir à d’autres aspects du nécessaire apport des univers d’autrui à nos propres mondes.

II) Noah VS The World (B)

Si un personnage né d’un univers A se retrouvait coincé dans un univers B, il se passerait quoi ?

A priori, pas grand-chose. C’est un simple changement d’espace-temps, non ? A un détail près : les personnages sont dépendants de leur créateurice. Iel contient tout pour eux, y compris leur mémoire. Si quelqu’un·e décidait de me “léguer” ses personnages pour une raison ou pour une autre, est-ce que, sous ma plume, dans mon esprit, ils resteraient les mêmes ? Leur histoire serait nécessairement différente, ne serait-ce que dans certains détails. A moins de passer d’un univers à un autre par conscience partagée, il est impossible pour un personnage de franchir le seuil sans en être altéré. Ce serait même plutôt, à l’arrivée, une copie du personnage de départ.

Et si personnage A et personnage B se rencontraient sur timeline C ? Et si une histoire s’écrivait à quatre mains ou plus, avec du partage de personnages ? D’ailleurs, où commence-t-elle, la création de l’univers : avant ou après l’écriture ? Pendant ? Est-ce qu’il se dédouble, puisqu’on voit tout se dérouler avant d’écrire ? Des questions que personne ne se pose, à part Noah et moi !

Aparté : La lecture de La Prophétie des sœurs-serpents et des articles d’Isis Labeau-Caberia m’a apporté un nouveau point de vue sur la question 👀

D’où vient Noah ? Il n’aura de cesse de chercher la réponse au long des Pleurs du Vide. Il n’a pas de passé, pas de certitude quant à ce qui fait son identité, et c’est peut-être par désespoir qu’il tombe amoureux de Stanley, son seul repère. Et là, c’est le bon moment pour s’inquiéter un peu. Quel équilibre est possible dans une relation pareille, entre un homme qui n’a pas du tout vécu et un autre qui en a trop vu ?

… Je vous l’ai dit, non, que Stanley n’est pas mort parlait pas mal de dépendance et d’émancipation ?^^ Des formes d’enfermement et des solutions pour s’en extraire, en tout cas. Peut-être faut-il briser les frontières entre les mondes fictifs pour libérer Noah, qui sait ? 👀

J’ai l’impression que cet article soulève un paquet de questions, et j’ai envie de parler de BEAUCOUP de trucs là tout de suite, mais ce serait trop long. Et mes personnages parleront toujours mieux de mes propres questionnements que moi, que ce soit par rapport à leurs histoires ou autre chose !

III) Noah : Soft and Furious

OK, après ces dernières digressions, qui est Noah, à part un drôle de love interest au potentiel méta ?

Bon, évidemment, c’est un chouette gars, touchant et très bavard – vous verrez, question logorrhée, il concurrence Archie… dont nous parlerons plus tard !

Son caractère rejoint celui de Stanley sur pas mal de points. A cela s’ajoute un immense appétit de vivre qui a fait éclater le scénario prévu initialement ! Parce que Noah est cet élan venu de l’extérieur, sans doute trop tard mais venu quand même, qui pourrait relancer la machine. En des termes plus humains : sous ses airs fragiles, Noah a toutes les armes en lui pour s’en sortir, et même le courage de se rebeller contre l’effondrement de son univers. Une petite force de la nature ! C’est sans doute ce qui lui permettra de se lier avec une autre personne, que vous connaissez bien aussi…

En fait, j’ai encore pas mal de questions moi-même, en relisant l’article. Ai-je davantage parlé de Noah en tant que membre de relations, de ce qu’il représente plutôt que de lui-même en tant que personnage ? Je ne pensais pas que parler de lui serait si compliqué, mais ça l’est. Il y a ce qu’il représente, ce qu’il est pour Stanley et pour l’univers, et il y a son absence d’histoire. Toute son histoire, vous la lirez dans Les Pleurs du Vide. Comme lui-même le dit à Stanley :

Tout ce dont je me souviens, je l’ai vécu avec toi.

Bonus : theme songs

J’ai créé une playlist spéciale pour Noah, parce que certaines chansons me font invariablement penser à lui. Certaines se sont trouvées par hasard sur mon chemin. D’autres illustraient, à la toute base, une scène des Pleurs du Vide. Est-il possible que Noah ait son propre roman un jour ? Peut-être bien.


2 commentaires

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