Je ne suis pas un grand lecteur de science-fiction et j’en regarde tout aussi peu. Ce n’est pas que je n’aime pas ça ; seulement, ce n’est pas le genre qui m’intéresse le plus. Aussi y a-t-il peu de chances que beaucoup de chroniques sur ce genre fleurissent sur ce site – mais on ne sait jamais ! Bref, je ne sais plus au juste comment j’ai fini par m’intéresser à Première pluie, à l’époque où ce roman s’appelait encore Le Raid de Mars. Les réseaux sociaux ont agi, je suppose. Et j’en suis content, étant donné la qualité de ma découverte.
Première pluie, le premier tome d’Éphémérides astrales, nous livre l’histoire d’Eireann O’Brian, jeune recrue à la Confédération terrienne. La Confédération est, entre autres choses, chargée de protéger l’humanité, dans un contexte de premier contact imminent avec les populations extraterrestres. Enfin, “imminent”, c’est ainsi que pensent les terrienn-nes. Jusque-là, il ne s’est absolument rien passé à ce niveau. Ne vous inquiétez pas, la Confédération terrienne a d’autres problèmes.
Ainsi, Première pluie nous apprend que, dans une société où de plus en plus d’humain-es s’augmentent de toutes les manières possibles – implants, membres bioniques, puces et tout autre moyen imaginable de renforcer son corps et son esprit – celleux qui refusent ces augmentations, les Naturel-les, se retrouvent en position de minorité, voire de faiblesse. Une organisation tentaculaire à souhait, Panoptès, menace les Naturel-les et compte élargir l’augmentation à l’intégralité de l’humanité. Les Naturel-les sont alors jugé-es trop faibles pour faire le poids face aux civilisations potentiellement plus évoluées.
Or Eireann O’Brian, l’héroïne de Première pluie, est une Naturelle, du fait de ses convictions notamment religieuses. Pour elle, il n’est pas question de s’augmenter. Est-ce pour cela qu’elle ne cesse d’affronter ses camarades de promotion, comme si elle cherchait à prouver sa force ? Dans tous les cas, elle est aussi prometteuse qu’ingérable aux yeux de ses supérieur-es. Son mentor, le capitaine Cameron Nivens, qu’elle redoute et qui peut se montrer tyrannique, en conçoit une certaine fatigue ! D’autant qu’il doit aussi traiter avec la mère d’Eireann, l’amirale Moïra O’Brian, une femme aussi brillante qu’intransigeante.
On touche là quelques premières thématiques de Première pluie : des questions d’éthique relatives à l’augmentation, bien évidemment, des interrogations sur ce qu’elle peut apporter, mais aussi la légitimité, le piston et le syndrome de l’imposteur. Eireann est une Naturelle dans un monde d’Augmenté-es – l’armée en plus ! – et sa mère est une militaire gradée et respectée : a-t-elle donc le moindre mérite ? Elle-même en doute fortement. Ses capacités sont bien réelles, mais elle ne s’en est pas moins sabordée pendant tout son cursus à l’école militaire.
Car Eireann est impulsive, sanguine, et profondément blessée par l’attitude de sa mère à son égard. Elle suit en grande partie ce parcours pour susciter de la fierté chez Moïra, tout en restant incertaine de ses propres envies et de sa place à la Confédération. Fort heureusement, elle va finir par s’entourer de personnages aussi attachants qu’elle, soutiens précieux au milieu du chaos, notamment lorsque Panoptès va s’intéresser à elle de (beaucoup trop) près.
Bref, un des gros points forts de Première pluie : ses personnages. Eireann est terriblement bien écrite, badass et humaine à la fois. J’ai souvent eu envie de la prendre dans mes bras au fil de ma lecture. Anastasia, de son côté, inspire immédiatement la sympathie. C’est l’amie qu’on rêve toustes d’avoir, je crois ! Cameron Nivens ? Bon, j’ai souvent eu envie de lui coller des baffes. J’ai un léger souci avec l’autorité, moi aussi, alors la tyrannie… Mais contre toute attente, il nous fait de plus en plus sourire au fil du roman. Quant à Moïra, elle est complexe. On peut lui en vouloir la veille, et être à fond avec elle le lendemain ! Les autres ? Eh bien, vous verrez ! Oh, et est-ce que je vous ai parlé des dialogues ? ❤️ Si certaines répliques ne deviennent pas cultes…
— Vous croyez que je suis du genre à rire, O’Brian ?
Court extrait d’un de mes dialogues préférés de Première pluie.
— Non, mais à me prendre pour une courge, oui.
Première pluie est un roman choral à point de vue interne, et à la première personne. A chaque chapitre, un nouveau personnage prend la parole. J’aurais aimé que la différence de langage entre les personnages soit plus visible, mais la plupart d’entre eux évoluant dans le même milieu, la grande similitude peut paraître logique. Ce sera donc sur le fond que le caractère de chacun-e apparaîtra. Mon cœur se serre toujours un peu quand j’arrive à un chapitre d’Eireann, tant ses insécurités me touchent. D’autres personnages m’ont surpris de par leur évolution, souvent dans le sens positif du terme. Et puis, il y a les antagonistes… Mais chut.
L’univers a été plus compliqué à saisir pour moi. Le lore de Première pluie, et d’Éphémérides astrales dans son ensemble, est riche. L’autrice préfère, à juste titre, nous plonger dans le bain, en nous montrant l’univers à travers les yeux de ses personnages, plutôt que de nous expliquer en long et en large comment fonctionne la société du futur. Une société plutôt dystopique, d’ailleurs. Plus que celle d’aujourd’hui ? Hum…
Il m’a été cependant difficile, parfois, de me faire une image claire des événements, ou de tel dispositif. Ayant des problèmes de concentration, je ne peux pas dire avec certitude si ce flou n’est pas du fait de mon propre cerveau. D’autant que le style d’Aislinn T. Lawson est tout à fait clair. On peut bien entendu déplorer la présence de coquilles, mais Première pluie est en cours de réécriture et de correction, nous ne nous attarderons donc pas là-dessus. Le tout est suffisamment soigné pour que l’on passe outre les petites erreurs ! 🙂
A noter que Première pluie est parfois dur psychologiquement. Comme je le disais, les personnages sont très travaillés, et l’autrice ne les épargne pas, si bien que chaque moment heureux nous fait craindre le pire. Aislinn fait bon usage des trigger warnings, ce qui peut aider chacun-e à se préparer au bon moment. Reste que, si vous voulez vous lancer dans l’aventure Éphémérides astrales, soyez averti-e : si en termes de style, l’histoire est facile à lire, elle n’a parfois rien d’une lecture détente. Première pluie peut vous fracasser, et c’est un lecteur au cœur bien accroché qui vous le dit.
Je conclurai cette chronique en vous informant qu’Aislinn tient un blog, sur lequel vous pourrez trouver d’intéressants articles sur les coulisses d’Éphémérides astrales. Eh oui, ce roman était d’abord une fanfiction ! Mais, se sentant trop limitée pour son univers qui grossissait tout seul, elle est passée à l’original ! Ça vous est déjà arrivé ?
Autres points importants : Aislinn T. Lawson, de son vrai nom Tatyana Ramazzotti, est la chargée de communication du tonnerre qui m’a aidé durant la campagne Ulule des Hurlements noyés, n’hésitez pas à la solliciter ! Et ensuite : suite à un rêve fait avec Lucien, mon personnage adoré du Robot, j’ai décidé d’écrire… disons, un spin-off ? Une fanfiction ? Bref, une petite histoire dans l’univers d’Éphémérides astrales. Elle s’appellera Glacial. Stay tuned…
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2 commentaires
Aislinn T. Lawson · juin 30, 2021 à 4:49
Merci beaucoup pour cette chronique juste et bienveillante ❤️ en plus de me toucher, j’espère que cela convaincra les lecteur.ices qui n’ont pas encore osé franchir le cap 😌😘
MaloneSilence · juin 30, 2021 à 6:01
Je l’espère fort aussi 😉